Une aventure quelque peu atypique…
La nouvelle est parue dans Weird Tales en janvier 1934, une année particulièrement prolifique de l’auteur. Cependant, parce qu’il n’y a pas d’héroïne ou de personnages féminins essentiels, le texte n’aura pas les honneurs de la couverture comme tant d’autres. Dans ce récit, le barbare n’est pas le moteur de l’action, se voyant contraint de supporter des situations que les circonstances lui imposent. Il se retrouve manipulé quand il doit fuir suite à la dénonciation de son recéleur, il doit accepter les propositions qui lui sont faites sans pouvoir les refuser.
Un gunderman est pendu, dénoncé par le prêtre d’Anu, celui-là même pour qui il volait en compagnie d’un Cimmérien. Ce Cimmérien, qui a assisté à l’exécution, dissimulé sous un large manteau, file décapiter le prêtre.
La garde surveille l’organisation d’un banquet. L’un d’eux s’inquiète de la disparition de Pyrrhas, un conseiller de Murilo, un homme très influent auprès du roi. Le conseiller est entre les mains de Nabonidus, le prêtre rouge du roi, qui le fait torturer.
Un homme a surpris la scène et vient en informer le chef des nationalistes présents au banquet. Celui-ci décide alors que le roi attendra, qu’il faut éliminer Nabonidus en premier.
Ce dernier fait porter l’oreille de Pyrrhas à Murilo qui comprend le massage. Si ce prêtre est en possession d’un secret le concernant, il peut être très inquiet.
Il accepte de recevoir une prostituée qui lui révèle que c’est un Cimmérien qui a tué le prêtre d’Anu. Il décide de forcer cet homme à tuer un second prêtre…
Howard appuie son récit sur des éléments en référence avec des événements antérieurs. C’est le cas avec le “Procès du singe”, opposant des partisans de l’évolution, telle que la décrit Darwin, à des créationnistes qui prennent la Bible au pied de la lettre. Ce procès, très médiatique, s’est déroulé en juillet 1925 à Dayton dans le Tennessee. Il est effrayant de constater que cette croyance perdure dans les Etats les plus conservateurs, une théorie qui continue d’avoir de très nombreux adeptes.
C’est Patrice Louinet, un des meilleurs exégètes de Conan, qui assure le scénario. Il se sort fort bien de cet exercice difficile. Ce nouvel album, le dixième de la collection, donne une autre vision du héros, une vision moins barbare. Il est complété, comme les précédents, par une présentation érudite de la nouvelle initiale et par une série d’illustrations-hommages dont une de Mark Schultz dont le graphisme reste inimitable.
Le dessin et la couleur sont l’œuvre de Paolo Martinello. Dans une mise en pages très libre, osant de nombreux éclatements des vignettes, il fait se presser des personnages aux traits réalistes, aux attitudes dynamiques. Ses scènes de combats sont particulièrement spectaculaires. Il les fait évoluer dans des décors grandioses, des vues en perspective du plus bel effet, des bâtiments aux dimensions presque titanesques rappelant les Carceri de Piranèse.
On ne se lasse pas de découvrir ces aventures toujours attrayantes. Un nouvel album est annoncé avec Emmanuel Civiello au graphisme.
découvrir un extrait
serge perraud
Patrice Louinet (scénario adapté de l’œuvre de Robert E. Howard) & Paolo Martinello (dessin et couleur), Conan le Cimmérien – t.10 : La Maison aux trois bandits, Glénat, coll. “Conan le Cimmérien”, septembre 2020, 80 p. – 14,95 €.