Quand un Dieu incarné par un enfant fait tout pour sauver son peuple de la sécheresse…
Auteur de treize romans pour enfants, Catherine Fisher est un écrivain de fantasy reconnu outre-Manche. Parmi ses œuvres figurent Snow-Walker (1993–1996), une trilogie qui nous plonge dans l’univers viking où se mêlent magie et superstition, et Book of the Crow (1998–2001), une série en quatre tomes. Nominée au Smarties Award et au W.H.Smith Mind Boggling Award, Catherine Fisher est également lauréate du Tir-Na-n’Og Award pour son roman The Candle Man. Ses nombreuses récompenses ont enfin éveillé l’attention d’un éditeur français, Pocket, qui publie dans sa collection “jeunesse” une de ses trilogies — alliant cette fois antiquité grecque et égyptienne - dont le premier tome, L’Oracle, est paru en juin dernier tandis que le second vient de paraître.
Chez les anciens Grecs, un archonte est un haut magistrat. Ici, le mot désigne l’incarnation d’un dieu, appelé à la rescousse de son peuple…
La sécheresse qui sévit depuis plusieurs mois sur le pays continue à faire des ravages. La croyance veut que seul l’Archonte, Dieu de la terre incarné dans la peau d’un homme, puisse ramener la pluie en offrant sa vie. Mirany, une des neufs Porteuses, a contribué à la nomination d’Alexos, le nouvel Archonte, qui n’est encore qu’un enfant. Elle est en fait la seule à entendre la voix du Dieu et s’est attiré bien des jalousies, notamment celle, tenace, d’Hermia, la soi-disant porte-parole du Dieu (cf tome 1).
Alors qu’Argelin, un général épris de pouvoir, et Hermia complotent toujours pour gouverner le pays, le prince Jamil vient demander l’autorisation de traverser les terres de l’Archonte afin d’exploiter d’anciennes mines d’argent. Mais cette permission lui est refusée par Hermia, sur demande d’Argelin. Jamil menace alors de déclencher une guerre, pour le plus grand plaisir d’Argelin qui voit là une occasion de renforcer sa suprématie.
Dans le même temps, le jeune Archonte décide de renouer avec les anciennes traditions et de partir à la recherche du Puits des Chants, aux confins du désert. Il semble que ce soit leur unique chance d’en finir avce la sécheresse qui décime son peuple. Alors qu’Alexos part pour son périple accompagné par deux voleurs, un musicien et un scribe, Mirany, restée au Temple, doit déjouer les plans d’Hermia et d’Argelin, et elle apprend qu’un traître s’est glissé dans l’expédition. Pourra-t-elle sauver l’Archonte ?
Ce roman possède de remarquables qualités d’écriture. Le style de Catherine Fisher est très soigné, voire poétique. L’histoire est assez bien ficelée, et les conséquences d’un trop fort attrait pour le pouvoir rappellent certaines sombres périodes de notre Histoire. Cependant, l’auteur se montre un peu trop ambitieuse en créant un univers s’inspirant à la fois de la Grèce et de l’Égypte, gommant ainsi les différences entre ces deux cultures — par exemple, le polythéisme y est éliminé avant l’heure. L’intrigue est très complexe, et l’on s’y perd aisément si l’on n’a pas lu le premier opus.
Le lecteur suit tour à tour Mirany et l’Archonte — alternance qui s’accélère pour nous proposer un final spectaculaire. Mais un jeune lecteur peu averti risque de se lasser et de s’égarer en route…
Par contre, avoir découpé le texte en neuf “offrandes” est judicieux : chaque nouveau chapitre est intoduit par un texte très imagé, qui laisse parler le Dieu.
Il faudra malheureusement attendre un peu avant de découvrir la fin des aventures de Mirany et d’Alexos, qui séduiront sûrement un public assez mature, fan de fantasy historique.
franck boussard
Catherine Fisher, L’Archonte (traduit de l’anglais par Frédérique Fraisse), Pocket jeunesse, février 2006, 395 p. — 14,00 €.
Premier tome de la trilogie : l’Oracle (traduit par Frédérique Fraisse), Pocket Jeunesse, juin 2005, 380 p. — 14,00 €.