La Modification
De sa fenêtre d’une rame du Ferrovie delle Stato, le photographe italien Enzo Crispino a retenu pour son portofolio Fading Away 15 clichés accrochés une fraction de seconde à la vitre et au présent.
Le tout en hommage au grand poète italien Guiseppe Ungaretti.
Il s’est inspiré par ses vers : “Agglutiner au présent / Les jours du passé : Et les autres qui viendront, (…) Toujours à la recherche d’un moyen de me rattraper / Et je choisis ce moment, /Il me reviendra pour toujours”.
Et plus particulièrement ici, dans l’emboitement successif des paysages urbains et agraires.
Au lieu de se perdre dans une terre promise, le photographe mixe ses souvenirs dans ces paysages rapides et flous qui se dissolvent à peine saisis. Preuve que le voyage et la rêverie ferroviaires sont toujours un moyen de rechercher derrière la vitre la “persona”.
“Sur la terre obscurcie par le vortex quotidien”( comme écrit Crispino), une modification est toujours possible — souvenons du héros de Butor entre Paris et Rome via Chambéry.
Reste la hantise des lieux de l’à-peine, de l’entrevu en une poésie mystérieuse. Les volumes ou les pans pourraient sembler servir de cautions au rêve.
En fait, une forme “d’anonymation” crée une énergie particulière par la puissance immobile de la prise au moment où le déplacement fait bouger les lignes.
lire notre entretien avec l’artiste
jean-paul gavard-perret
Enzo Crispino, Fading away, 2020.
Bonjour Monsieur Gavard-Perret
Je m’appelle Enzo Crispino, je viens de m’en rendre compte et je m’excuse d’être si tardif pour vous remercier aujourd’hui du temps que vous avez consacré à mes deux projets photographiques, Fading away et Meeting William Turner, et à l’unique photo Yesterday Today Tomorrow.
Extrêmement flatté d’avoir reçu vos critiques importantes sur ma photographie, merci beaucoup, je vous en suis reconnaissant.….
Salutations amicales.