De l’aventure menée tambour battant…
Pour porter l’intrigue de sa trilogie, Philippe Pellet retient un ancien légionnaire devenu contrebandier et qui assure, de temps à autre, des missions particulières. Il va devoir faire appel à toutes ses compétences de combattant pour survivre dans la situation très délicate où il va se retrouver.
Si l’auteur propose un beau récit d’aventures, il travaille particulièrement le cadre de celui-ci. Un empire bâtit sa fortune sur une énergie qu’il a été conquérir et sur des ressources qu’un Ordre exploite sans compter sauf à vouloir s’enrichir encore et encore. Cela rappelle furieusement des situations bien connues dès le XVIe siècle, que ce soit l’Espagne en Amérique du sud, que ce soit les Provinces-Unies (qui deviendrons les Pays-Bas) en Amérique du nord, que ce soit les Anglais, les champions du monde du pillage, que ce soit la France en Afrique…
À l’image de l’ordre des Lamaneurs, peu importait leur épuisement pourvu que l’or continue d’affluer dans les caisses de quelques-uns.
Les insurgés Talhuas attaquent la forteresse tenue par l’Empire, sur les reliefs du Grand Brûlé. Soudain, ils se retirent mais un des leurs, introduit avec la foule qui se presse à l’abri, fait imploser les murs.
Sheïd arrive à Mafate, la capitale de l’Empire. Elle doit sa fortune au commerce grâce au gaz qui fait voler les vaisseaux maritimes, au pouvoir du glyphe qui permet à l’ordre des lamaneurs de régner en maîtres sur les quais. Ce gaz est extrait du Grand Brûlé.
Au Haut-Conseil, l’annonce de la destruction du bastion amène des débats houleux. Si certains veulent dompter la révolte, maître Pradhi est plus réservé. Il étudie l’origine du pouvoir du glyphe et il s’interroge. Mais ses recherches n’ont pas encore abouti.
Sheïd remet à son mandataire la preuve que sa mission a été accomplie. Celui-ci lui demande, en l’appâtant fortement, d’aller chercher un vieil archéologue. Une mission qui semble si facile, trop facile car…
Philippe Pellet, blanchi sous le harnais de deux décennies de dessins, réalise une mise en images remarquable, des décors grandioses, osant des successions de bâtiments, des vues de paysages, des perspectives de villes d’une puissance graphique peu commune. On retrouve la démesure d’un Philippe Druillet. Il recrée des ambiances du Moyen-Orient, le foisonnement de ses marchés, l’atmosphère chaude de ces territoires inondés de soleil.
La couleur est l’œuvre de Tanja Wenish qui anime les dessins avec des teintes chaudes, des ocres flamboyants. Le titre n’est pas choisi au hasard. Mafate est un célèbre cirque de l’île de la Réunion, une formation géologique peu commune.
Ce premier tome, riche en rebondissements, plante une belle histoire dans un décor magnifiquement mis en valeur.
serge perraud
Philippe Pellet (scénario et dessin) & Tanja Wenish (couleurs), Sheïd – t.01 : Le piège de Mafate, Bamboo, label “Drakoo”, novembre 2020, 48 p. – 14,50 €.