L’homme est-il un dieu pour l’homme ?
Mario Alberti s’est emparé, pour créer une bande dessinée prévue en trois albums, d’un récit imaginé par Antoine Charreyron pour le cinéma.
Certes, le sujet a été traité de très nombreuses fois dans toutes les acceptions du terme, avec des apocalypses de sources diverses et aux résultats différents selon les préoccupations de l’auteur. Mario Alberti a essayé de se démarquer et de proposer des angles originaux.
Certains le sont, d’autres, bien sûr, ne peuvent échapper à du déjà vu, déjà lu. Ce faisant, il développe des sujets d’actualité touchant à l’épuisement des ressources. On ne peut que faire le rapprochement, dans les premières pages du présent album, avec ces embarcations chargées de migrants qui tentent d’accoster sur des rives qu’on leur a vendues comme un nouveau paradis.
Dans un futur post-apocalyptique, la Terre n’est que ruine et dévastation. Une humanité défaite vit de pillage alors qu’une minorité est réfugiée derrière un mur édénique, protégée par des robots géants. Parmi la première catégorie de population, Solal s’illustre par ses talents de réparateur. Eva, sa petite sœur, souffre d’une grave maladie respiratoire. Pour elle, il veut passer le mur pour trouver les médicaments qui la soulageront.
Sur un luxueux paquebot, Noah disserte alors qu’ils arrivent en vue d’Eden. La sécurité est sur les dents car arrivent des bateaux chargés d’assaillants qui veulent pénétrer dans les lieux. Laura, son assistante, s’insurge car il a des enfants. Elle se précipite, prend la boule que tient le fils de Noah, puis se charge d’un enfant. Elle tente alors de rejoindre les ascenseurs mais Noah reste sourd à ses appels. Les soldats tirent et Cerberus, un énorme robot défensif, se déploie.
Solal a réussi à se faufiler dans un ascenseur. À l’intérieur, il est pris en charge par une jeune fille qui ne veut pas le dénoncer et qui le guide. Ce qu’il découvre alors est stupéfiant.
Dehors, le chef des B.A.S.T.A.R.D.S mobilise ses troupes pour entrer dans Eden. Et il a fort à faire avec Eva…
L’action se déroule entre Eden et le camp des Bastards. Des flashbacks racontent la genèse et les différentes étapes qui amènent à la situation actuelle.
Mario Alberti, en créateur complet, assure dessin et mise en couleurs. Sa narration graphique est parlante, évocatrice et énergique. S’il use d’une mise en page assez classique pour traiter le passé, il propose des images éclatées pour le présent, jouant sur les techniques de colorisation pour différencier encore les périodes.
Un dossier comportant des esquisses, des recherches graphiques et des interviews des deux auteurs complète heureusement le tome.
Cette série se révèle attachante pour la variété et l’enchaînement des péripéties, pour le dynamisme qui sourd d’un graphisme parfaitement adapté à l’esprit de l’histoire.
serge perraud
Mario Alberti (scénario, dessin, couleurs) d’après l’œuvre d’Antoine Charreyron, Le Mur – t.02 : Homo Homini Deus, Glénat, coll. “24x32”, août 2020, 64 p. – 15,50 €.