Celui qui écrit un film muet avec beaucoup de paroles
« J’ai failli sortir de la vie aussi vite que j’y étais entré ; ça m’a laissé une belle balafre et l’envie de tenter », sinon de vivre vraiment, du moins de le raconter dans un livre qui devient d’analyse en lieu et place de celui qui aurait dû l’assurer : à savoir le psychanalyste auquel pour amuser (mais pas que) ses lectrices et lecteurs, le narrateur-auteur taille une rapière.
Même si ce méfait restera tout compte fait secondaire eu égard au propos d’une telle confession intime.
Le tout dans une but bien précis : « Que tout s’annule enfin, que moi-même je ne sois rien participant au rien. » Et l’auteur d’ajouter : « Bouffez-moi enfin, par les pieds ou par la tête, mais prenez-moi par les extrémités, par où ça pousse, de haut en bas, par où ça sent la volonté de s’en tirer ! ».
Pour autant, celui qui était pris dans le désir et le rêve de ne pas parler remonte sa vie dans une auto-crucifixion amusée.
L‘auteur touille à l’envi son monde – preuve que son rien est fait de tout. Et soudain l’inutile et le superfétatoire deviennent l’essence d’une plongée en apnée d’un nécrophile qui se tient encore en lui et à la verticale dans la volonté pour congeler tout ce qui bouge.
Mais un tel brassage évite la vitrification des surfaces. Et ce, pour atteindre son « crime » parfait.
L‘homme à abattre n’est donc pas forcément celui qu’on croit. Ce qui n’empêche en rien le fomenteur faux menteur de se proclamer docteur honoris causa de ses forfaits.
Le jury de ses lecteurs l’acclame à tour de bras. Un tel héros les salue bien.
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jean-paul gavard-perret
David Fonseca, Faillir, Az’art Atelier, Toulouse, 2018.