Allison Montclair, Le Bureau du Mariage Idéal

Un duo pétulant !

Alli­son Mont­clair, un pseu­do­nyme qui cache une roman­cière anglaise qui a déjà œuvrée dans la fan­tasy, la science-fiction l’horreur, le théâtre…, met en scène un duo d’enquêtrices qui retient l’attention.
Par leur aplomb, leurs menées et leurs per­son­na­li­tés, elles portent un récit attrac­tif, servent une intrigue retorse où l’intérêt ne fai­blit pas.

En juin 1946, Tillie La salle arrive devant un bâti­ment de quatre étages, banal et éton­nant. Il se dresse seul au milieu d’un champ de ruines. C’est là, au qua­trième étage, que sont ins­tal­lés les bureaux du BMI, Le Bureau du Mariage Idéal. Iris Sparks et Gwen­do­lyn Bain­bridge en sont les deux ges­tion­naires.
Elle est accueillie par Iris, une brune piquante d’une tren­taine d’années. La femme blonde qui occupe l’autre bureau déploie sa grande taille avec grâce pour lui ser­rer la main. Elle porte avec élé­gance des vête­ments cou­teux. Elles affichent déjà sept unions en trois mois. Tillie donne ses pré­fé­rences et après son départ, elles épluchent le fichier des pré­ten­dants puis recoupent leur choix. Elles ont fait le même : Dickie Tro­wer. Un cour­rier lui est adressé avec les coor­don­nées de la jeune femme.
Quelques jours après, elles reçoivent la visite de trois poli­ciers dont un ex-fiancé d’Iris. Ils sont là car Tillie La salle a été poi­gnar­dée la veille au soir. Le cou­pable est Dickie, un cou­teau ensan­glanté a été décou­vert sous son mate­las. Pour­tant, il jure être inno­cent.
Per­sua­dées qu’il dit la vérité et pour sau­ver la répu­ta­tion de leur agence, elles décident de trou­ver le véri­table meur­trier… Mais les humains ne sont jamais ce qu’ils paraissent…

Si Iris col­lec­tionne les fian­cés et les amants, elle semble avoir un passé tumul­tueux, pas seule­ment au point de vue sen­ti­men­tal. Par exemple, elle exige de la police que ses empreintes ne figurent dans aucun fichier. Gwen est veuve depuis deux ans, trois mois et quelques jours au moment où elles enquêtent. Ron­nie, son époux, a été tué au Monte Cas­sino. Appre­nant sa mort, elle passe quatre mois en soins psy­chia­triques. Ses beaux-parents, lord et lady Bain­bridge en pro­fitent pour obte­nir la garde légale de leur petit-fils.
Iris et Gwen se sont ren­con­trées à un mariage où elles ont pu appré­cier leurs capa­ci­tés res­pec­tives à trou­ver les âmes-sœurs et à les réunir. Elles ont alors décidé d’ouvrir une agence matri­mo­niale pour assu­mer leur indépendance.

Elles uti­lisent leurs contacts, les com­pé­tences acquises dans leur vie anté­rieure pour tra­quer une vérité tout en se confron­tant à des poli­ciers qui ne voient pas d’un bon œil leurs démarches.
La vie quo­ti­dienne, au len­de­main de la Seconde Guerre mon­diale dans un Londres ayant bien souf­fert du Blitz, est fort bien res­ti­tuée avec les dif­fi­cul­tés qui sub­sistent. Si la paix est signée, cette signa­ture n’est pas syno­nyme de retour à une vie nor­male pour celles et ceux qui ont per­dus un ou plu­sieurs êtres chers. Ce sont aussi les res­tric­tions dans tous les domaines, nour­ri­ture, objets du quo­ti­dien, les entraves de tous ordres. C’est éga­le­ment la pègre qui réim­plante des réseaux quelque peu bous­cu­lés pen­dant les années de conflit.
Alli­son Mont­clair décrit les com­bats des femmes pour obte­nir jus­tice, indé­pen­dance et liberté, loin l’obligation de trou­ver un mari et de faire des enfants…

Les rebon­dis­se­ments s’enchaînent, ame­nés avec à-propos. Le récit est vif, l’écriture fluide, les dia­logues pétillants et le sus­pense est au rendez-vous. De plus, la roman­cière donne un ton très humo­ris­tique à son his­toire avec les rap­ports entre les deux héroïnes, leurs com­por­te­ments et pos­tures vis-à-vis des autres.
Le Bureau du Mariage Idéal est une belle décou­verte de lec­ture. Il y a matière à se réjouir à suivre cette série fémi­niste, car une seconde enquête est déjà parue au Royaume-Uni et une troi­sième est en cours d’écriture.

serge per­raud

Alli­son Mont­clair, Une enquête de Sparks & Bain­bridge : Le Bureau du Mariage Idéal (The Right Sort of Man), tra­duit de l’anglais par Anne-Marie Car­rière, Édi­tions 10/18, coll. “Grands Détec­tives” n° 5582, octobre 2020, 384 p. – 8,10 €.

 

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