Christophe Dauphin, Totem normand pour un soleil noir

Une poé­sie plus des­crip­tive que réel­le­ment transgressive

Il existe dans ce live une foi inébran­lable en les mots et la poé­sie. Dau­phin la concocte dans une sorte de néo-surréalisme engagé de bon aloi et une foi dans l’humain démuni face aux divers pou­voirs poli­tiques, idéo­lo­giques et reli­gieux.
S’y retrouve — mais sans moindre copie — une doxa héri­tière des grands anciens,  de Vachey à Cen­dras en pas­sant par Eluard et bien d’autres. Ils coha­bitent avec des tubes d’Ultra Brite mis comme fron­tières ou blin­dages pour faire sou­rire les bar­be­lés qui, en Pales­tine et à San Diego, par­tagent le bon grain de l’ivraie.

C’est sou­vent vif, lyrique tant l’auteur se plaît dans ses mots Trop peut-être, si bien que cette poé­sie est plus des­crip­tive que réel­le­ment trans­gres­sive.
La révolte gronde dans des dérives orphiques où il s’agit d’assurer une sur-vivance dans un monde grevé de son lot de per­dants : migrants, dro­gués, etc..

Dauphin veut donc bras­ser le monde avec ambi­tion pour le secouer. Mais sa poé­sie touille le bol plus que la crème de ce qu’il veut sou­le­ver. Et si bien des véri­tés sont émises, cela reste écrit selon des manières émises et des repro­duc­tions du logos.
L’auteur les réanime en les met­tant à la sauce du monde. Mais ils deviennent des ins­tru­ments de dis­cours plus qu’ils illi­mitent le lan­gage. Et ce, sans repous­ser les bornes de la repré­sen­ta­tion réa­liste et les spé­cu­la­tions du même tabac.

L’ensemble reste vif là où le monde est par­couru de long en large. Cela laisse néan­moins le lec­teur pas­sif : il peut être séduit par le souffle lyrique mais tout, dans cette reprise d’une vie et du monde tel qu’il est, demeure sans grand effet.
A vou­loir dénon­cer les hor­reurs aux “pétales du pus”,  la poé­sie reste de l’ordre d’une pure énon­cia­tion sans doute aussi mus­clée,  colé­reuse, imper­ti­nente  que géné­reuse mais cela ne change rien à l’état des lieux.

jean-paul gavad-perret

Chris­tophe Dau­phin, Totem nor­mand pour un soleil noir, Les Hommes sans Epaules édi­tions, 2020, 176 p — 20,00 €.

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