Proximité d’un lointain paradoxal
C’est en 2015 que Valeria Luongo a commencé un projet de longue haleine sur la vie quotidienne d’un groupe de religieuses dans un couvent : celui de la communauté de Ravasco à Rome.
Photographe et anthropologue, la créatrice s’est toujours focalisée sur la narration des histoires de celles et ceux qui vivent selon une radicalité et décident d’exister loin des modes de vie habituels.
Cherchant à connaître les activités qui marquaient, en dehors des offices et des prières, la vie quotidienne d’une religieuse, la photographe montre le vivre-ensemble d’une communauté dont les membres sont parfois d’âges, de cultures voire d’attentes diverses.
Certaines sont octogénaires et ont passé leur vie dans la communauté, d’autres — parfois jeunes et jolies — viennent à peine rejoindre le couvent.
L’artiste a donc passé du temps pour créer une relation basée sur la confiance et pour se familiariser avec les détails de la vie en un tel lieu. Le résultat est plus que probant.
Sortant des images basiquement pieuses, Valeria Luongo montre la vie telle qu’elle est en allant parfois dans une approche intime avec ses modèles mais sans la moindre ambiguïté.
L’intrusion dans le carmel exclut ici le voyeurisme. Elle offre une proximité d’un lointain paradoxal puisque nous en sommes séparés de quelques murs.
jean-paul gavard-perret
Valeria Luongo, Sorellanza – Sororité, 2015–2018.