Frédéric & Julien Maffre, Stern – t.04 : “Tout n’est qu’illusion”

Quand l’envers du décor…

Frédé­ric et Julien Maffre reviennent avec une qua­trième aven­ture de leur croque-mort aty­pique déam­bu­lant dans un Far-West à la fin du XIXe siècle.

Après le Kan­sas, Eli­jah Stern arrive à la Nouvelle-Orléans où il trouve très faci­le­ment un emploi dans sa pro­fes­sion. L’entretien d’embauche ne dure que dix minutes. En par­tant, il croise, dans une allée du cime­tière, une jolie jeune femme pro­té­gée par une ombrelle.
Le len­de­main il tra­vaille avec Mur­ray, assu­rant des mises au tom­beau. Il aper­çoit la même jeune femme qui se pro­mène entre les tombes. En quit­tant son tra­vail, il lui porte secours car elle est aux prises avec un agres­seur qui en veut à son ombrelle. Celle-ci, dit-elle, a un pom­meau en argent et une grande valeur sen­ti­men­tale. Elle rejoint sa voi­ture où son cocher l’attend.
Le len­de­main matin, ce cocher vient cher­cher Eli­jah. Il est invité à prendre le thé avec Melle Robi­taille. Compte-tenu de son expé­rience, elle veut l’engager comme consul­tant et l’emmène dans le caveau fami­lial car la dépouille de sa grand-mère l’intrigue. En ren­trant dans sa chambre, Eli­jah trouve le père de la jeune femme qui a besoin de lui pour sur­veiller ses fré­quen­ta­tions. Elle est proche d’un cer­tain Vic­tor Salem qui se dit magi­cien en arts occultes. Est-il dan­ge­reux ? C’est à Stern d’enquêter et selon son rap­port, le père agira…

Elijah Stern fait figure d’antihéros tant il paraît égaré dans un uni­vers qu’il ne semble ni com­prendre, ni appré­hen­der. Il aime les livres et la lec­ture, ne porte pas d’arme et jette un regard can­dide sur ses sem­blables. Dans un monde où règne la vio­lence, il paraît déplacé, voire incon­gru. Mais une capa­cité de déduc­tion, d’adaptation lui per­mettent de faire face aux situa­tions aux­quelles il est confronté.
Dans le qua­trième volet de ce sin­gu­lier wes­tern, le héros est entraîné dans un uni­vers nou­veau pour lui, celui du théâtre, ce royaume de l’illusion, de l’artifice, du faux-semblant. Il le découvre avec un regard d’enfant.

Dans ce nou­veau décor, le scé­na­riste plante une intrigue mafieuse, une his­toire de ban­di­tisme qui se pare des ori­peaux de la culture, emprun­tant quelques élé­ments parmi la légende des morts-vivants, celle du plus célèbre d’entre eux.
Avec le cime­tière, un autre monde, Fré­dé­ric Maffre brosse un por­trait rapide des dif­fé­rentes socié­tés qui coha­bitent, du carré pro­tes­tant à celui du vau­dou jusqu’aux lamen­ta­tions médi­ter­ra­néennes, fai­sant don­ner par Mur­ray une des­crip­tion peu aimable des Italiens.

La mise en images de Julien Maffre, le frère cadet du scé­na­riste, est syn­thé­tique, pri­vi­lé­giant un des­sin sim­pli­fié mais très évo­ca­teur, lais­sant à la cou­leur une large place et le soin de struc­tu­rer la pers­pec­tive. Cette mise en cou­leurs, qui est par­fai­te­ment homo­gène et cohé­rente, est le résul­tat d’une col­la­bo­ra­tion de six per­sonnes.
La vignette pré­sen­tant la chambre d’Elijah, dans la pen­sion de famille, rap­pelle vive­ment un tableau célèbre sur le même sujet.

Par une intrigue sub­tile, par un ton iro­nique, par la pré­sen­ta­tion d’une riche gale­rie de pro­ta­go­nistes, ce tome 4 de la série est sédui­sant d’autant qu’il est servi par un gra­phisme gra­cieux et fort réussi.

lire un extrait

serge per­raud

Fré­dé­ric Maffre (scé­na­rio), Julien Maffre (des­sin), Julien Maffre, Tho­mas Lavaud, Lise Gran­ger, Amé­line Miku­la­niex, Fran­çois Ruiz et Croque-forme (cou­leur), Stern – t.04 : Tout n’est qu’illusion, Dar­gaud, sep­tembre 2020, 64 p. – 15,00 €.

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