Mauvaises herbes et jeunes femmes en fleurs
L’ortie colle à cette histoire d’amour entre deux femmes. Dire pour autant qu’une telle fiction est piquante et urticante serait exagéré même si son écriture n’est pas sans qualité.
Elle souligne ce que l’amour devient au fil des pages : épidermique et une lutte contre des préjugés.
L’auteure rappelle que la passion quelle qu’elle soit n’est jamais un péché. Même lorsque son escalade est irritée par une “woofeuse” bénévole mise en rapport avec des fermiers. C’est écologique sans doute avec un côté Robinson suisses chez lesquels l’invitée met le feu. Néanmoins nous restons dans une histoire d’amour poétique et classique.
Les deux héroïnes, comme souvent chez Marie Nimier, demeurent des “enfants qu’on a laissé pleurer et dont le cuir ne s’est pas endurci”. Certes — et c’est habile — l’auteure accorde à ses lectrices et lecteurs un part d’interprétation en évitant toute effet d’érudition facile ou effet de manche.
Néanmoins, tout demeure assez banal en ce “palais”. Car si les mots choisis sont importants, l’histoire prend le dessus. Or elle n’a rien d’extraordinaire. Elle piquotte juste ce qu’il faut dans cette gentillette partie de campagne.
Et dans ce thème végétal (symbole selon Marie Nimier de la vieillesse qui vient), les orties - se caractérisant par leur envahissement — entravent la liberté de s’ébattre réellement.
Si bien que l’ensemble manque d’espace. La plupart des lectrices et lecteurs pourront néanmoins se satisfaire à la fois de la simplicité d’un monde en partie sauvage et d’une certaine docilité d’écriture et d’amour donnée en partage.
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jean-paul gavard-perret
Marie Nimier, Le palais des orties, Gallimard, Paris, 2020, 272 p. — 19,50 €.