Jean-Claude Hauc, Le diable menait la danse

Jean-Claude Hauc à l’ombre des jeunes filles en fleurs

La pas­sion de plaire — et ce, pour un com­merce enchan­teur et presque illi­cite —  anime ce livre même si sa fin le replace sur une dimen­sion plus décente.
Les jeunes filles en fleurs par­sèment l’épopée d’un  Casa­nova des lycées : de Sarah à Cida­lise en pas­sant par Solène, Lau­rie et autres nym­phettes là où le héros-narrateur rap­pelle com­bien Dide­rot eut rai­son en rap­pe­lant que la morale est sou­vent une ques­tion de distance.

Celui-là — double rêvé de l’auteur tel qu’il aurait pu être naguère — évoque  un périple de proxi­mité des plus étroites et affrio­lantes qui mêle le stupre et la for­ni­ca­tion à un bain de culture plus livresque, pic­tu­rale et musi­cale.  Certes, l’auteur s’amuse avec son per­son­nage. Ce der­nier évoque avec pré­ci­sion les efforts sub­tils qu’il déploie pour satis­faire celles à qui il ne suf­fit pas de comp­ter fleu­rette.
Il s’y attelle, fas­ciné entre autres par Sol­lers “petit maître ithy­phal­lique” et se veut liber­tin comme lui

Toute­fois et en dépit des efforts de son auteur, un tel héros se veut trop fardé d’intellectualisme pour deve­nir un éro­to­mane averti. On sent de sa part comme de son auteur une dif­fi­culté à lâcher la bride et à cares­ser l’espoir d’une autre visée. L’écriture pré­cieuse et manié­rée ne peut fran­chir cer­taines fron­tières impli­cites et ce, même si des figures tech­niques du Kama­sou­tra font d’une muse et son pyg­ma­lion momen­tané un seul être.
Mais c’est, si l’on en croit un pas­sage du livre, juste une his­toire pour ce der­nier de jouer  par avance La jeune fille et la mort de Munch au moment où celle qu’on nomme petite survient.

Manque pour­tant sur les lèvres des femmes telles qu’elles sont évo­quées un goût de sève. Res­tent bien sûr des riches heures “caliente” mais tout demeure mi-figue, mi-raisin dans ce qui devient une sorte de ver­sion moderne des romans liber­tins du XVIIIème siècle. La langue de l’auteur en témoigne et c’est ce qui  l’éloigne — volon­tai­re­ment — d’une époque qu’il estime sans style ni élé­gance. Voire…
Et ses évo­ca­tions en pâtissent, du moins chez un lec­teur qui souffre sans doute de ce dont l’auteur déplore. Mais celui-ci, vou­lant d’abord un Mari­vaux per­si­fleur, finit par deve­nir père sif­fleur (pen­dant son sommeil).

jean-paul gavard-perret

Jean-Claude Hauc, Le diable menait la danse, Z4 Edi­tions, Les Nans, 2020, 98 p. — 14,00 €.

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