Un visible tellurique et céleste
Le travail de Jacques Y. R. Ledoux est le fruit d’un long cheminement issu de biens des influences : le dessin, au collège, le cinéma amateur lors de ses études supérieures, la rencontre avec les oeuvres d’Ivan Illich, Wilhem Reich, Summerhill, la découverte de l’Actionnisme viennois.
Mais aussi et surtout après un passage par l’écriture la découverte des œuvres d’Antoni Tapiès et en conséquence le travail de la matière et des matériaux, la place du vide et du plein sur le support.
Tout était donc bientôt en place pour les toiles en noir de l’artiste. Son abstraction n’a rien à voir avec celle de Soulages. Existe chez les deux un travail du silence et de sa musique mais le mystère que recherche l’un et l’autre est différents, l’insaisissable n’est pas de même nature.
Jacques Y.R. Ledoux y insère de l’être — même s’il n’est pas directement présent dans ses toiles.
Moins statiques que les oeuvres de Soulages, les siennes sont donc l’endroit où, dit-il, “le noir (est) mobile, actif et orienté. (…) il porte l’humanité vers son destin. C’est un souffle.“
Celui-ci passe par de vivants piliers ou lignes de traverse pour indiquer des chemins ou des forces.
Le geste artistique prend chez lui sa respiration dans le corps. L’auteur se bat avec le plein et le vide pour révéler contrastes et contraires. Parfois, il n’hésite pas à ajouter à la matière peinture de la terre, de la poussière volcanique.
Comme Tapiès la matière hétérogène du noir peut se métamorphoser en d’autres couleurs, brillances et matités.
L’oeuvre reste à ce titre aussi tellurique que céleste dans le visible qu’il convient toujours de porter plus loin.
jean-paul gavard-perret
Jacques Y. R. Redoux, Peintures, Alter-At, Grenoble, du 15 octobre au 15 novembre 2020.