Christophe Cazenove & William, Tizombi – t.04 : “Mondes cruels”

Il y a de la vie dans cer­tains cimetières !

Tizombi est le seul zom­bie à être né zom­bie. D’un appé­tit féroce, il se nour­rit de tout ce qui passe à sa por­tée, les vivants comme les morts, bien qu’il ait une nette pré­fé­rence pour les vivants dont la chair est plus suc­cu­lente.
Mar­go­tik, une ado­les­cente au look gothique, a fugué et s’est réfu­giée dans un cime­tière, igno­rant qu’il était peu­plé de zom­bies. Tizombi, plu­tôt que la dévo­rer, inté­ressé par ses dons d’écriture, lui a pro­posé de res­ter avec eux pour écrire sa bio­gra­phie. Elle s’est donc ins­tal­lée dans les lieux et par­tage la vie de ses habi­tants.
Et, contrai­re­ment à ce que l’on pour­rait croire, il y a de l’animation, de la vie dans le sec­teur. Tékaté, une ado zom­bie, et Fatal un gros zom­bie pas très futé, com­plètent le groupe des per­son­nages principaux.

Dans ce qua­trième tome, Tizombi est absent des pre­mières planches qui déroulent, cepen­dant, leur comp­tant de gags. Très vite, Mar­goch (nou­veau nom de Mar­go­tik) et Fatal partent à sa recherche dans un monde paral­lèle. Ils empruntent un des nom­breux sou­ter­rains dont les lieux sont truf­fés et arrivent vers un château-fort, dans un cadre moyen­âgeux.
Tizombi est là, qui se sus­tente. Il est parti car il a reçu une lettre le pré­ve­nant : “…d’un com­plot visant à le sup­pri­mer de la ligue des 5 diri­geants des mondes sou­ter­rains.”. Il lui faut donc se battre…

L’uni­vers que déve­loppent les auteurs se nour­rit de réfé­rences à des domaines très divers tant popu­laires, lit­té­raires, musi­caux que ciné­ma­to­gra­phiques, pas­sés au filtre de leur humour, inté­grés dans le contexte de la série. C’est ainsi que les auteurs revi­sitent le monde moyen­âgeux, celui de la Cim­mé­rie où la com­pagne de Kra­dock le Cim­mé­rien fait un car­nage. Puis, ce sont des super­hé­ros qui passent à la mou­li­nette pour s’adapter à l’esprit de la série. Ils sont tou­te­fois par­fai­te­ment recon­nais­sables par rap­port à ceux de Mar­vel ou DC Comics que ce soit Bat­man, Hulk, Cat­wo­man… Les auteurss mettent en scène un Mino­taure par­fai­te­ment réussi, Gol­do­rak. Les Pieds Nicke­lés font une brève sor­tie.
Le ton est à l’humour, un humour noir, gore, mais, para­doxa­le­ment, sou­vent bon enfant avec des situa­tions déca­lées des dia­logues dro­la­tiques. Les auteurs font flèche de tout bois pour mettre en valeur leurs gags et leurs blagues.
Ils offrent un vrai fes­ti­val de réfé­rences et William met en scène nombre de per­son­nages plus ou moins passé à la postérité.

Le des­sin de William est très pré­cis, méti­cu­leux riche en détails de toutes natures tout en ne gom­mant pas des effets gore du plus beau sang. Il des­sine avec talent des per­son­nages qui ne sont pas les siens, repre­nant, par exemple, le trait de Frank Fra­zetta pour une guer­rière. Il donne de jolies sil­houettes aux per­son­nages fémi­nins et n’hésite pas à mettre les détails qu’il faut sur une car­casse en train d’être dévo­rée.
Ses décors sont à l’avenant, pré­cis, inté­grés dans le dyna­misme du gra­phisme. Ce der­nier gagne encore en inté­rêt avec la mise en cou­leurs d’Élodie Jacquemoire.

Ce nou­vel album se “dévore” avec grand plai­sir pour la tona­lité, l’humour et la mise en images par­ti­cu­liè­re­ment effi­cace et réussie.

serge per­raud

Chris­tophe Caze­nove (sce­na­rio), William (des­sins) & Élo­die Jac­que­moire (cou­leurs), Tizombi – t.04 : Mondes cruels, Bam­boo Edi­tion, octobre 2020, 56 p. – 10,95 €.

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