Il y a de la vie dans certains cimetières !
Tizombi est le seul zombie à être né zombie. D’un appétit féroce, il se nourrit de tout ce qui passe à sa portée, les vivants comme les morts, bien qu’il ait une nette préférence pour les vivants dont la chair est plus succulente.
Margotik, une adolescente au look gothique, a fugué et s’est réfugiée dans un cimetière, ignorant qu’il était peuplé de zombies. Tizombi, plutôt que la dévorer, intéressé par ses dons d’écriture, lui a proposé de rester avec eux pour écrire sa biographie. Elle s’est donc installée dans les lieux et partage la vie de ses habitants.
Et, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il y a de l’animation, de la vie dans le secteur. Tékaté, une ado zombie, et Fatal un gros zombie pas très futé, complètent le groupe des personnages principaux.
Dans ce quatrième tome, Tizombi est absent des premières planches qui déroulent, cependant, leur comptant de gags. Très vite, Margoch (nouveau nom de Margotik) et Fatal partent à sa recherche dans un monde parallèle. Ils empruntent un des nombreux souterrains dont les lieux sont truffés et arrivent vers un château-fort, dans un cadre moyenâgeux.
Tizombi est là, qui se sustente. Il est parti car il a reçu une lettre le prévenant : “…d’un complot visant à le supprimer de la ligue des 5 dirigeants des mondes souterrains.”. Il lui faut donc se battre…
L’univers que développent les auteurs se nourrit de références à des domaines très divers tant populaires, littéraires, musicaux que cinématographiques, passés au filtre de leur humour, intégrés dans le contexte de la série. C’est ainsi que les auteurs revisitent le monde moyenâgeux, celui de la Cimmérie où la compagne de Kradock le Cimmérien fait un carnage. Puis, ce sont des superhéros qui passent à la moulinette pour s’adapter à l’esprit de la série. Ils sont toutefois parfaitement reconnaissables par rapport à ceux de Marvel ou DC Comics que ce soit Batman, Hulk, Catwoman… Les auteurss mettent en scène un Minotaure parfaitement réussi, Goldorak. Les Pieds Nickelés font une brève sortie.
Le ton est à l’humour, un humour noir, gore, mais, paradoxalement, souvent bon enfant avec des situations décalées des dialogues drolatiques. Les auteurs font flèche de tout bois pour mettre en valeur leurs gags et leurs blagues.
Ils offrent un vrai festival de références et William met en scène nombre de personnages plus ou moins passé à la postérité.
Le dessin de William est très précis, méticuleux riche en détails de toutes natures tout en ne gommant pas des effets gore du plus beau sang. Il dessine avec talent des personnages qui ne sont pas les siens, reprenant, par exemple, le trait de Frank Frazetta pour une guerrière. Il donne de jolies silhouettes aux personnages féminins et n’hésite pas à mettre les détails qu’il faut sur une carcasse en train d’être dévorée.
Ses décors sont à l’avenant, précis, intégrés dans le dynamisme du graphisme. Ce dernier gagne encore en intérêt avec la mise en couleurs d’Élodie Jacquemoire.
Ce nouvel album se “dévore” avec grand plaisir pour la tonalité, l’humour et la mise en images particulièrement efficace et réussie.
serge perraud
Christophe Cazenove (scenario), William (dessins) & Élodie Jacquemoire (couleurs), Tizombi – t.04 : Mondes cruels, Bamboo Edition, octobre 2020, 56 p. – 10,95 €.