Monsieur Robert part à la recherche d’une jeune fille kidnappée par des gangsters meurtriers
Monsieur Robert est détective et fait partie de la race des humanistes. Parce qu’il a refusé de tirer dans le dos d’un jeune adolescent qui venait de commettre un cambriolage, il est passé du grade d’inspecteur à celui d’agent de circulation. Plutôt que d’accepter ce changement, il a démissionné et s’est retrouvé détective au Palace Hôtel de Cannes. La direction de l’hôtel change ; aux mains de messieurs Vila et Solde, l’établissement devient plus luxueux et le personnel en fait les frais. Monsieur Robert est remplacé par une société moderne de gardiennage avec des caméras, des vigiles et des chiens.
Pour sa dernière nuit à l’hôtel, monsieur Robert est le témoin du kidnapping de la petite Sandra Ballard, fille d’un riche industriel. Le barman est tué de trois balles dans le dos et la mère de Sandra est retrouvée inconsciente sur le pas de sa porte. Le commissaire Padovani — “Pado-la-bavure” - l’ennemi intime de monsieur Robert, mène l’enquête. Et, le moins que l’on puisse dire est qu’il se fourvoie. Alors que les gangsters se sont enfuis par la mer, il dresse des barrages sur la route et arrête, comme complice, le pauvre M. Rezkallah, le portier tout juste licencié.
Monsieur Robert décide donc de partir une dernière fois en campagne. Les seuls amis sur lesquels il peut compter sont Lolita, une petite chatte indolente abandonnée par ses anciens maîtres sur le bord de la route un jour de départ en vacances, et Jimmy King, le saxophoniste jazzy de l’orchestre de l’hôtel et amateur du morceau Idle Moments. Il les quitte un temps pour partir à la rescousse de la petite fille qu’il avait poussée, la veille, sur une balançoire dans le parc de l’hôtel.
Romain Slocombe est un passionné du Japon. Ses romans parus à la “Série noire” en attestent. Sa participation à la saga du Poulpe (Saké des brumes) aussi. Mais l’écriture n’est pas la seule corde qu’il ait à son arc. L’homme est aussi photographe, plasticien et auteur de BD. Des expositions de ses clichés traversent d’ailleurs la France. Mais ceux-ci ne sont pas précisément pour les enfants1…
Comme tout bon auteur de roman noir, Romain Slocombe figure au catalogue de “Souris noire”, la collection que l’éditeur Syros réserve aux romans policiers destinés aux enfants de 10 ans et plus, dont les couvertures sont réalisées par Jacques Ferrandez. A ses côtés, d’autres belles plumes s’y sont déjà compromises, de Jean-Hugues Oppel à Michel Leydier en passant par Stéphanie Benson ou Patrick Pécherot (Le Voyage de Phil). “Souris noire” est, depuis logntemps, une collection incontournable de la littérature pour la jeunesse.
Le Détective du Palace Hôtel se lit d’une traite. Les dialogues enlevés permettent une lecture facile. On s’attache fortement à ce héros sur le déclin. La fin est surprenante mais belle et Romain Slocombe fait, ici, preuve d’une sensibilité touchante.
1 — Lire la chronique de son roman La Japonaise de Saint-John’s Wood, illustré de ses propres photographies, et l’article consacré au livre traitant de son “art médical” : Femmes de plâtre .
julien vedrenne
Romain Slocombe, Le Détective du Palace Hôtel, Syros coll. “Souris noire”, octobre 2005, 88 p. — 5,90 €.