Dans les griffes de la triade

Lila & Lin forment un couple aty­pique à Bel­le­ville. Lila rêve de kung-fu. Lin en est maître.

Lila Kief­fer est une jeune fille assez déjan­tée. D’abord, elle parle trop, vrai­ment trop. Ensuite, elle rêve de deve­nir une star du kung-fu. Elle a vu tous les films et est très forte pour pous­ser les cris qui tuent (sur­tout les tym­pans). Elle vit dans le quar­tier de Bel­le­ville. Sa maman ne sait pas faire la cui­sine mais tente tou­jours de nou­velles recettes et Lila s’imagine en héroïne alors qu’elle doit des­cendre des poubelles.

Juste­ment, en bas de chez elle, elle est témoin d’une embrouille dans la cui­sine d’un res­tau­rant. Deux gros mala­bars ont pris à par­tie M. Lin. Ils font peur et M. Lin est tout mai­gri­chon. Pour­tant, il donne une leçon à ces deux gorilles que sont Tchin et Chin. Mal­heu­reu­se­ment, M. Lin est ren­voyé de son tra­vail car le patron ne veut pas d’ennuis dans son éta­blis­se­ment. Qu’importe, Lila a décidé qu’il lui appren­dra l’art véné­rable du kung-fu.

Malgré sa tech­nique, Maître Lin est emmené de force dans une grosse ber­line aux vitres tein­tées. Tchin et Chin ont encore sévi. Lila va par­tir à la res­cousse. Sa seule piste est un canard rouge tatoué sur des biceps. Voilà Lila aux prises avec une dan­ge­reuse triade. Elle appren­dra très vite que ce canard est laqué.

Entre l’insupportable Lila, 12 ans, et Wou, 11 ans, une riva­lité va s’installer. Cha­cun ayant son propre maître, Lin pour l’une et Dong pour l’autre. Au milieu, l’oncle Wang, chef de la redou­table triade du “Canard laqué”. Lila va alors décou­vrir le quar­tier chi­nois du XIII^e arron­dis­se­ment, celui d’Ivry.

Ce pre­mier épi­sode ini­tie une série qui en com­porte quatre, signée par un auteur au pseu­do­nyme élo­quent (Bruce Lit­chi) rap­pe­lant les fraises chi­noises. La tra­duc­tion — l’adaptation plu­tôt — est de Chris­tine Bei­gel et Alain Kor­kos. On y côtoie un cer­tain Mon­sieur Malaus­sène que les enfants décou­vri­ront plus tard dans les romans de Daniel Pen­nac. Il est par­fai­te­ment illus­tré, en noir et blanc, par Julien Cor­de­bar qui nous pro­pose, en prime, un trom­bi­no­scope, au début, pour mieux visua­li­ser les dif­fé­rents pro­ta­go­nistes de cette saga.

Le livre a un aspect ludique très inté­res­sant. Il est conçu comme un DVD, avec des bonus. Tout d’abord, il s’accompagne d’une leçon de kung-fu par Maître Lit­chi. Il s’agit d’une pre­mière tech­nique illus­trée, celle du “Fla­mant rose pico­rant des cre­vettes”. Puis sur­tout, on a droit au fameux bêti­sier, “Les phrases aux­quelles tu as échappé… “, cha­pitre par cha­pitre. Un bien beau début pour tout enfant à par­tir de 9 ans. Le second épi­sode, Les Cinq doigts de la mort qui tue, est paru simul­ta­né­ment.