Pourquoi ils n’ont pas gardé mon chien ?
Je voyais le sol argenté dans ma tête, un parcours helvétique comme ils disent.
C’est la solitude. L’asile. Oui, nous sommes dans un asile. L’enfermement rituel. Pas d’existence après 20 heures. Le soir sinon. 79 heures dans une cellule capitonnée. Un monde. Et avec les draps de l’hôpital, une sorte de mini-habitation nomade. Avec les pieds brûlés. Avec les yeux.
Il reste une brioche.
…
Une pharmacie, comment dire, c’est la drogue. L’alcool, le tabac, ce n’est rien.
Prenez vos gouttes.
…
C’est bizarre, ça a le goût de myrtille.
Vous connaissez ?
…
Le film de Pasolini ?
Je hais les musiques militaires.
Il y aura votre famille, M. Rougemont.
En vérité, c’est DE Rougemont.
J’ai peur.
J’ai mal.
J’ai mal.
Calmez-vous M. Colaire.
C’est interdit.
Je ne peux pas.
Vous connaissez peut-être vous aussi cet état, les tempes chaudes, la buée tout autour, tout ce dont on ne s’aperçoit pas, la vie qui passe ; je veux dire la voie, sans motif apparent que prend la vie, qui se cristallise à cet endroit, là au milieu du crâne ; oui, cette impression de vivre à côté, ne plus souffrir, surtout, ne plus souffrir, ni l’été ni l’automne, la lumière du bow-window ; et ils me donnent des trucs comme du laudanum, pour oublier, pour ne plus voir la lumière, et remplacer tout cela avec un feu brûlant.
Moi, je sais, je suis indivisible. La porte, le soleil, c’est la porte, là où vont les esprits de tous les humains, la transhumance humaine, l’apocalypse. Cette pluie, cette musique. Tu entends ?
Prends ma montre.
…
Pourquoi ?
…
Calmez-vous. Et vous, M. Colaire venez prendre vos benzodiazépines.
Il s’appelle Abdallah.
Est-ce qu’il existe quelque chose de plus fort que la mort ?