Femmes entre elles
Depuis la rencontre d’une femme d’exception sur des courses de dragster, l’artiste turc Ali Azma conduit une réflexion approfondie sur la présence des femmes dans le monde. D’où l’exposition qu’il propose à Genève : “Je ne suis pas une femme, certes, mais aujourd’hui, un homme qui parle de femmes, cela peut être intéressant aussi ! ».
Et Women at Work est une des représentations les plus féministes qui soient. L’artiste y présente ce qu’il nomme des “femmes-frontières”.
Le créateur scénarise une céramiste turque d’exception (Alev Siesbye). Pionnière pour beaucoup de femmes autour d’elle, elle est devenue une incontournable de l’art de la céramique. Les vidéos “Jean Factory” et “Casa di Moda” illustrent le travail des femmes dans le textile et leurs conditions.
Après cette double chorégraphie épuisante des mains, l’artiste présente une vidéo sur la danse (en hommage à Erna Ómarsdóttir qui se déchaîne dans ses prestations scéniques ) et la fusion du corps en tant que sujet et objet dans la répétition des gestes. Selon lui Erna Ómarsdóttir aurait probablement été “brûlée vive comme une sorcière, considérée coupable, par le patriarcat institutionnel, d’être cette force même. ”…
Il présente aussi des femmes archéologues avec “Past”. Elles creusent, à la recherche du passé, “chacun” dans son propre trou, comme si elles étaient déjà dans leurs propres tombes” souligne Barbara Polla, qui s’intéresse plus spécifiquement à Laura Mary, archéologue belge, féministe.
Dans “Film”, il montre Isabella Rossellini en tournage en prenant l’icône au vol en son processus créatif.
Avec “Kinbaku ” et l’art du bondage, l’artiste illustre un travail intense sur soi au moment où “le corps oublié, l’esprit s’oblige à la liberté” (Barbara Polla). Cette vidéo sera présentée et discutée lors de projections particulières en cours d’exposition sans qu’elle y soit incluse directement.
Il filme avec “Home” et “L’Atelier Sarkis” deux artistes qui ont quitté leur pays. Dans “Play”, Ali Kazma montre une actrice d’exception : Elizabeth LeCompte en une vidéo dont les images sont toujours une mémoire d’autres images, d’autres fantômes.
Toutes ces femmes deviennent des modèles d’exception dont Kazma raconte la vie avec des images, ce qui donne à cette exposition thématique un caractère exceptionnel.
jean-paul gavard-perret
Ali Kazma, Women at Work, galerie Analix Forever, Chêne Bourg, Genève, du 4 septembre au 20 novembre 2020.