Maurice Renoma reste un utopiste comme il le précise : “Bientôt, les portes vont s’entrouvrir pour que l’Homme en cage retrouve un semblant de liberté. Cette liberté fait peur à présent, puisqu’elle implique de se retrouver sur le même terrain que l’ennemi. Dehors. Alors l’Homme en cage réfléchit. Peut-être attendre. Encore un peu. Et contempler Cristobal, cet agité du bocal”.
Pour inaugurer un nouveau lieu d’exposition parisien et en attendant cette libération, l’artiste fait d’abord sortir son poisson rouge de la boule de verre où il tourne en rond.
Et ce, sans aucun risque : à mesure qu’il jaillit, Cristobal respire. Et ses semblables aussi.
D’où cette apogée où le rouge est mis. Renoma est accompagné partout de son ami. Il devient aussi son arme secrète capable de remonter le temps là où l’imagination devient la folle des eaux comme de la terre.
Surgissent en images les fragments d’un discours de résistance mais pas seulement.
Peu égoïste, Renoma au besoin partage son frétillant ami avec les égéries qui lui plaisent et l’entourent. Il se peut même que, soudain, le poisson devienne métaphore érotique tant est connu non seulement l’engagement du photographe mais son goût pour celles qui peuplent son monde d’images comme, et tout autant, son itinéraire existentiel et la manière dont il le conçoit.
Bref, même hors des eaux, “ça suit son cours” comme disait Beckett. Mais lorsque ces eaux-là débordent, une autre inondation a lieu. Le pêcheur devient chasseur.
Et reste à imaginer encore…
jean-paul gavard-perret
Maurice Renoma, Mythologies du Poisson Rouge, L’Appart, nouvel espace culturel (très singulier) du 16eme arrondissement de Paris, à partir du 16 septembre 2020.