Yasmina Reza, Anne-Marie la Beauté

Des sou­ve­nirs livrés sans être recons­truits ni interprétés

Quelques notes de piano, des chaus­sures, sur le sol, éclai­rées, une ombre se des­si­nant au mur semblent consti­tuer les traces d’une absence. On assiste aux confi­dences d’une femme qui raconte son par­cours d’actrice, dans l’ombre puis loin d’une célé­brité dont c’est le moment de révé­rer la mémoire. On finit par apprendre qu’il s’agit d’une inter­view suite à la mort de Gisèle Fayol, amie de l’oratrice.

Son pro­pos a des tona­li­tés sociales, pro­fes­sion­nelles, per­son­nelles. Au soir de sa vie, elle exprime sa nos­tal­gie envers son expé­rience heu­reuse et mal­heu­reuse de modeste comé­dienne.
Un pro­pos tendre et sen­sible, qui exprime un regret tout en nuances sur sa vie, une vie sobre, une vie consa­crée aux autres et qui n’a pas eu le loi­sir de se regar­der soi-même.

Un spec­tacle inti­miste, qui pré­sente un per­son­nage atta­chant mais ren­contre vite ses limites. Le récit, faute d’être ordonné par des ques­tions ou une inten­tion pré­cise, reste décousu. La mise en valeur des stag­nants, des géné­reuses du quo­ti­dien, qui ne se disent et ne se vivent que dans la modes­tie, ne peut sans doute aussi se repré­sen­ter que modes­te­ment.
La démarche reste confi­née dans l’évocation de sou­ve­nirs livrés sans être recons­truits ni inter­pré­tés. La mise en scène reste illus­tra­tive. Un voyage lan­ci­nant au pays des ombres, qui émaillent le décor de temps à autre et fina­le­ment, après le récit de l’enterrement de Gisèle, se mul­ti­plient sur le mur, comme pour signi­fier l’évanescence des por­traits qui se fondent les uns dans les autres faute d’être dres­sés ou adressés.

chris­tophe giolito

 

Anne-Marie la Beauté

texte et mise en scène Yas­mina Reza

avec André Mar­con

Au théâtre La Col­line, créa­tion, du 5 mars au 5 avril 2020 au Petit Théâtre du mer­credi au samedi à 20h, le mardi à 19h et le dimanche à 16h relâche dimanche 8 mars durée esti­mée 1h15 dis­tri­bu­tion texte et mise en scène Yas­mina Reza avec André Marcon

Assis­ta­nat à la mise en scène Oriane Fischer . scé­no­gra­phie Emma­nuel Clo­lus avec le peintre Örjan Wiks­tröm. lumières Domi­nique Bru­guière ; cos­tumes Marie La Rocca ; coif­fures et maquillage Cécile Kret­sch­mar ; musique Laurent Durupt d’après Bach-Brahms, trans­crip­tion pour main gauche de La Cha­conne en ré mineur ; décor réa­lisé par les Ate­liers de La Col­line pro­duc­tion La Col­line – théâtre national.

A la Col­line, théâtre natio­nal, 15 Rue Malte-Brun 75020e Paris www.colline.fr

métro Gam­betta — sor­tie 3 Père-Lachaise

Billet­te­rie 01 44 62 52 52 du mardi au samedi de 11h à 18h30 •

Le texte de la pièce Anne-Marie la Beauté de Yas­mina Reza est paru en jan­vier 2020 aux édi­tions Flammarion.

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