Un album de référence sur le sujet!
Trinity est le nom de code pour l’essai de Gadget, la première bombe nucléaire qui a explosé le 16 juillet 1945 dans le désert du Nouveau-Mexique. Le 6 août de la même année, un bombardier larguait Little Boy sur Hiroshima, le 9 août, un autre avion envoyait Fat Man sur Nagasaki.
Comment l’Homme en est-il arrivé là ? Comment a-t-il détecté cette énergie, réussi à l’apprivoiser pour la libérer de façon si violente ?
Cette énergie existe depuis la formation de la Terre, il y a plus de quatre milliards d’années. Mais ce n’est qu’en 1789 que le minerai qui la contient a pris un nom : Uranium, en référence à une planète découverte peu avant.
En 1933, le professeur Leo Szilard décide de quitter l’Allemagne et les horreurs que le nazisme commence à installer. En 1938, Enrico Fermi accomplit, à l’ambassade des États-Unis de Rome, les formalités pour un visa. En décembre, il reçoit le Prix Nobel de physique.
À Manhattan, en février 1939, dans un bar, Szilard et Fermi discutent. Le premier explique comment la possibilité d’une réaction en chaîne lui est apparue alors qu’il attendait à un feu rouge. Après avoir échoué à vérifier sa théorie avec du béryllium et de l’indium, il décide d’essayer avec de l’uranium.
Il est heureux du résultat positif de l’expérience, mais terrifié car il entrevoit les conséquences funestes d’une telle invention.
Pendant ce temps, Hitler a envahi la Tchécoslovaquie et fait main basse sur la plus grande mine d’uranium d’Europe. Et des scientifiques allemands sont dans la course pour la maîtrise de la fission. L’autre énorme gisement d’Uranium se trouve au Congo Belge exploité par l’Union minière du Haut-Katanga. Mais la Belgique, aux yeux d’Hitler…
Après une entrevue avec Einstein, Szilard appréhende que la seule façon d’empêcher Hitler d’utiliser la bombe atomique, c’est d’en doter les États-Unis. Et c’est le projet Manhattan.
Didier Alcante et Laurent-Frédéric Bollée donne un fameux récit historique depuis les premières découvertes, leurs usages essentiellement médicaux comme la Radiographie, jusqu’à une conclusion sur ce que sont devenus les principaux acteurs de cette entreprise.
Ils exposent, bien sûr, le parcours des grands artisans des découvertes et du projet, mais en proposent de multiples qui ont, d’une manière ou d’une autre, contribué à l’aboutissement de Manhattan. Ils éclairent ainsi, les différences facettes du projet, de sa réalisation, de ses conséquences tant sur l’Humanité que sur certains des artisans.
C’est ainsi qu’ils décrivent le parcours d’un ouvrier japonais, du directeur de l’Union minière du Haut-Katanga, des membres de ce commando envoyés en Norvège pour saboter une usine stratégique pour les nazis, les tentatives de l’Angleterre de faire main basse sur le stock d’uranium… Pour en faire quoi ?
Les auteurs donnent un récit très complet mis en images, en noir et blanc, par Denis Rodier dont il faut saluer l’implication, le travail sur la ressemblance des personnages historiques, sur sa mise en page dynamique, alternant des scènes de conférences et des scènes plus actives sur les lieux de conflits.
L’album est complété par les postfaces des trois auteurs et une bibliographie presque exhaustive.
Avec cet album, un volume de plus de 470 pages, les scénaristes exposent avec talent, presque comme l’intrigue d’un thriller, les processus de pensées, les rencontres, les découvertes qui ont amené à cette bombe atomique.
Une véritable référence en la matière !
serge perraud
Didier Alcante (scénario), Laurent-Frédéric Bollé (scénario)& Denis Rodier (dessin), La Bombe, Glénat, coll. “1000 feuilles”, remis en rayons en juillet-août 2020, 472 p. – 39,00 €.