Le laboureur de Bohême (Johannes von Tepl / Marcel Bozonnet & Pauline Devinat)

Eloge de l’humain

Un homme à terre se répand en impré­ca­tions : de sa peine impuis­sante, il mau­dit la mort. Une voix imper­son­nelle au ton spi­ri­tuel s’élève du fond de la salle. Le modeste blessé pour­suit son râle accu­sa­teur comme une lamen­ta­tion incon­so­lable. Le « Sei­gneur mort » déve­loppe sa jus­ti­fi­ca­tion méta­phy­sique du tré­pas, arguant de l’ignorance consti­tu­tive de l’humanité.
On assiste à des déve­lop­pe­ments dia­lec­tiques aux atours un peu rhé­to­riques, face aux­quels le labou­reur per­siste à tenir sa dou­leur droite et déter­mi­née.  Recon­nais­sant que « nous ne sommes rien », il main­tient que « nous sommes pour­tant quelque chose ». Un appel vain à la jus­tice, une inter­ro­ga­tion sans fin sur le sort des humains. Dans un cadre théo­lo­gique clas­sique, s’inscrit un éloge de l’humain qui inau­gure la Renaissance.

Un texte à la naï­veté fraîche et gra­cieuse, une mise en scène sug­ges­tive, au sym­bo­lisme demeu­rant tou­te­fois un peu her­mé­tique.  Une danse de mort aux aspects déjà baroques vient inter­rompre et agré­men­ter l’argumentation. On peut voir dans le pro­pos pré­senté une anti­ci­pa­tion du conflit entre l’existence et ses exi­gences d’une part, la rai­son et ses jus­ti­fi­ca­tions d’autre part.
De belles louanges de la fémi­nité trouvent place dans ce dia­logue à l’aspect d’une dis­pu­ta­tio, d’une contro­verse qui finit tou­te­fois par un juge­ment, loin d’être der­nier, bien que divin.

Une décou­verte qui ne manque pas de charme, comme le Théâtre de Poche sait nous en pré­sen­ter pério­di­que­ment. Des acteurs enga­gés, idoines, cam­pant bien leur per­son­nage.
Même si l’on peut pen­ser que l’on eût pu don­ner plus de fan­tai­sie et de relief à la pièce, la repré­sen­ta­tion, hono­rable et cohé­rente, satis­fait le public.

chris­tophe gio­lito & manon pouliot

 

Le labou­reur de Bohême

de Johannes von Tepl

Mise en scène Mar­cel Bozonnet

et Pau­line Devinat

Avec Logann Antuo­fermo et Mar­cel Bozon­net, et la voix d’Anne Alvaro.

© Pas­cal Gely

Tra­duc­tion Flo­rence Bayard ; Adap­ta­tion théâ­trale Judith Ertel ; décors et cos­tumes Renato Bian­chi ; lumières Fran­çois Loi­seau ; masques Wer­ner Strub ; maquillage Cathe­rine Saint-Sever ;

Au théâtre de Poche, 75, bou­le­vard du Mont­par­nasse, 75006 Paris 01 45 44 50 21

A par­tir du 1er sep­tembre 2020, repré­sen­ta­tions du mardi au samedi 21h, dimanche 17h.

Tarifs à par­tir de 20 € — 10 € (-26 ans) Durée 1h15.

Pro­duc­tion Théâtre de Poche-Montparnasse et Les Comé­diens voya­geurs Avec la par­ti­ci­pa­tion artis­tique du Jeune théâtre natio­nal. Pour Mar­cel Maréchal.

En par­te­na­riat avec Toute l’histoire, la chaîne du groupe Mediawan.

Le texte du spec­tacle édité à l’Avant-Scène Théâtre dans la col­lec­tion Les Quatre Vents — tra­duc­tion de Flo­rence Bayard et adap­ta­tion théâ­trale de Judith Ertel — est en vente au bar du Théâtre. Prix : 10€.

Remer­cie­ments à Alain Tré­tout et Jean-Claude Fer­nan­dez, Rein­hard von Nagel, ainsi qu’à l’Ensemble Stellaris.

Ren­sei­gne­ments et réser­va­tions par télé­phone: 01 45 44 50 21 Au gui­chet du théâtre: Du lundi au samedi de 14h à 18h et dimanche de 13h à 17h30 Sur le site inter­net: www.theatredepoche-montparnasse.com

 

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