Eloge de l’humain
Un homme à terre se répand en imprécations : de sa peine impuissante, il maudit la mort. Une voix impersonnelle au ton spirituel s’élève du fond de la salle. Le modeste blessé poursuit son râle accusateur comme une lamentation inconsolable. Le « Seigneur mort » développe sa justification métaphysique du trépas, arguant de l’ignorance constitutive de l’humanité.
On assiste à des développements dialectiques aux atours un peu rhétoriques, face auxquels le laboureur persiste à tenir sa douleur droite et déterminée. Reconnaissant que « nous ne sommes rien », il maintient que « nous sommes pourtant quelque chose ». Un appel vain à la justice, une interrogation sans fin sur le sort des humains. Dans un cadre théologique classique, s’inscrit un éloge de l’humain qui inaugure la Renaissance.
Un texte à la naïveté fraîche et gracieuse, une mise en scène suggestive, au symbolisme demeurant toutefois un peu hermétique. Une danse de mort aux aspects déjà baroques vient interrompre et agrémenter l’argumentation. On peut voir dans le propos présenté une anticipation du conflit entre l’existence et ses exigences d’une part, la raison et ses justifications d’autre part.
De belles louanges de la féminité trouvent place dans ce dialogue à l’aspect d’une disputatio, d’une controverse qui finit toutefois par un jugement, loin d’être dernier, bien que divin.
Une découverte qui ne manque pas de charme, comme le Théâtre de Poche sait nous en présenter périodiquement. Des acteurs engagés, idoines, campant bien leur personnage.
Même si l’on peut penser que l’on eût pu donner plus de fantaisie et de relief à la pièce, la représentation, honorable et cohérente, satisfait le public.
christophe giolito & manon pouliot
Le laboureur de Bohême
de Johannes von Tepl
Mise en scène Marcel Bozonnet
et Pauline Devinat
Avec Logann Antuofermo et Marcel Bozonnet, et la voix d’Anne Alvaro.
© Pascal Gely
Traduction Florence Bayard ; Adaptation théâtrale Judith Ertel ; décors et costumes Renato Bianchi ; lumières François Loiseau ; masques Werner Strub ; maquillage Catherine Saint-Sever ;
Au théâtre de Poche, 75, boulevard du Montparnasse, 75006 Paris 01 45 44 50 21
A partir du 1er septembre 2020, représentations du mardi au samedi 21h, dimanche 17h.
Tarifs à partir de 20 € — 10 € (-26 ans) Durée 1h15.
Production Théâtre de Poche-Montparnasse et Les Comédiens voyageurs Avec la participation artistique du Jeune théâtre national. Pour Marcel Maréchal.
En partenariat avec Toute l’histoire, la chaîne du groupe Mediawan.
Le texte du spectacle édité à l’Avant-Scène Théâtre dans la collection Les Quatre Vents — traduction de Florence Bayard et adaptation théâtrale de Judith Ertel — est en vente au bar du Théâtre. Prix : 10€.
Remerciements à Alain Trétout et Jean-Claude Fernandez, Reinhard von Nagel, ainsi qu’à l’Ensemble Stellaris.
Renseignements et réservations par téléphone: 01 45 44 50 21 Au guichet du théâtre: Du lundi au samedi de 14h à 18h et dimanche de 13h à 17h30 Sur le site internet: www.theatredepoche-montparnasse.com