Blessures ou pansements du réel
L’exposition Les Territoires de Joël Leick du Luxembourg est dans le prolongement de celle qui lui était consacrée à Thionville et Troyes. Elle met en lumière le travail graphique et pictural de l’artiste.
Du collage photographique au monotype, fait des livres et de ses oeuvres sur papier, des paysages décadrés et transposés dans des jeux de correspondances.
Celui qui est “un peintre qui écrit et un photographe qui grave” considère le papier comme son support de prédilection.
Il permet de franchir le seuil des images toutes faites pour outrepasser les assises du beau, en rectangle choisis afin d’en proposer l’ellipse.
Leick dépose des brassées de lumière, des brins de joie là où pourrait germer la mélancolie, afin que les rebuts qui attristent enchantent à nouveau l’espace que l’artiste reconfigure.
Se servant de pacotilles et fragments incisifs de peinture, il crée des passages incongrus.
L’imaginaire est moins là pour sacraliser l’instant que proposer un avenir avec divers dépôts, ceux de l’esprit en éveil comme des choses qu’il rencontre et quelle qu’en soit la nature car, du moindre reste, il fait de l’or.
Présent à lui-même et au monde — même lors du confinement -, l’artiste fouille et enduit pour construire des épopées aussi drôles que profondes.
Le plaisir visuel est constant dans de tels tissages ou montages.
L’image est chaque fois convulsive là où, pourtant, le réel demeure une base de présence.
jean-paul gavard-perret
Joël Leick, Les Territoires de Joël Leick, Bibliothèque nationale du Luxembourg, Luxembourg, du 24 septembre — 12 décembre 2020.