La Terre dans quelques siècles ?
Une première trilogie, dénommée TER, décrivait une société cloisonnée bouleversée par l’arrivée d’un individu sorti d’une tombe et par les découvertes qu’il a initiées. Le second cycle débute dans une frégate de sauvetage où 365 personnes ont pris place. On retrouve les principaux acteurs de premier cycle.
C’est par le biais du journal tenu par Mandor – un androïde de la série Main d’Or 1 – que le scénariste conte les aventures de cet équipage qui découvre une nouvelle planète après être sorti d’une tempête d’astéroïdes. Ils sont persuadés d’avoir retrouvé la Terre, la planète d’où sont partis leurs ancêtres.
Une première exploration ramène ce qui ressemble à une dent d’un énorme animal. Lors d’un nouveau circuit, le petit vaisseau manque se faire détruire par d’énormes crocodiles capables de se dresser sur leurs pattes pour sauter. Mais, les membres de l’équipage ne détectent aucune trace de présence humaine. Dans le poste de pilotage, ils sont également intrigués car ils ne captent aucun signal, aucune onde.
Les responsables décident d’installer un camp, une série de bulles suspendues à la frégate qui reste en position géostationnaire. Beth partage une bulle avec Mandor mais reste très déçue de leur première cohabitation.
A partir de ce camp, il faut explorer, sécuriser. Quatre groupes sont constitués. Celui de Mandor et de Beth découvre une curieuse faune et une construction enfouie sous la végétation. La visite les effraie et ils poursuivent leur chemin. Un accident sépare Mandor et Beth du reste du groupe et les entraîne à de stupéfiantes et dangereuses découvertes…
Ce premier tome propose l’exploration d’une planète qui semble bien changée par rapport aux quelques archives dont disposent les humains. C’est aussi le thème du Robinson, la création d’une société nouvelle adaptée aux conditions locales. C’est réinventer une civilisation en accélérant au maximum pour dépasser les premiers stades primitifs. S’ils ne disposent pas de moyens pour créer l’énergie nécessaire à la conservation de la technologie qui leur a permis d’arriver jusque-là, les scientifiques, les techniciens ont le savoir à défaut des matières premières.
Très vite, le scénario dérape et enclenche de l’action, des situations périlleuses avec des péripéties innovantes jusqu’à une conclusion des plus déstabilisantes.
Le scénariste donne des observations fines sur la nature humaine et propose une belle galerie de personnages aux caractères élaborés. Mandor, cet androïde, aussi perfectionné soit-il, reste une machine qui possède de grandes compétences, mais qui n’est pas mu par des émotions humaines.
Ainsi, avec beaucoup d’humour et de tact, scénariste et dessinateur mettent en scène les tentatives de Beth, amoureuse de Mandor, pour qu’ils fassent l’amour, un désir pour lequel il n’a pas été programmé.
Christophe Dubois, qui a à son actif de belles séries, assure un dessin réaliste d’une superbe facture. Il propose, dans une mise en pages de type classique, des vignettes d’un bel attrait. Si les personnages sont particulièrement campés, avec une gestuelle fort adaptée et une propension à exprimer émotions et sentiments, ils donne des décors grandioses. Les planches de forêt, la faune, les vues plongeantes d’un barrage ou l’intérieur d’une pièce, les vues de l’espace réjouissent le regard.
Un cahier de huit pages présente des esquisses des personnages principaux avec un petit texte rapportant leur origine et leur rôle dans le récit.
Ce premier album est remarquable, tant pour l’histoire que pour la mise en images, riche en rebondissements et ouvrant de vastes perspectives d’aventures.
serge perraud
Rodolphe (scénario) & Christophe Dubois (dessin et couleurs), Terre – t.01 : Le vieux monde, Éditions Daniel Maghen, août 2020, 72 p. – 16,00 €.