Jean-Marc Graziani sait ce qu’il en est de la Corse et de son peuple. Et son héros va l’apprendre très jeune du côté de Bastia.
Le gamin de 12 ans a peur de devenir fou lorsqu’il entend des voix.
Commence alors un jeu de piste avec certains objets. Ils lui parlent et l’attirent.
Il est néanmoins aidé pour sortir de sa terreur première par son arrière grand-mère vénérée et révérée. Elle voit en ce don une bénédiction.
Dès lors, il s’y plonge sans coups férir avec pour objectif la résolution des énigmes familiales par l’entremise d’un anneau perdu, d’une vieille photo oubliée ou d’un disque oublié au fond d’un grenier.
Très vite, différents narrateurs de diverses époques (principalement entre les deux guerres mondiales) prennent en charge le récit afin d’éclairer l’histoire sous plusieurs angles.
S’y découvre — entre autres et surtout — la force des femmes. Mères, soeurs, amantes, deviennent les véritables héroïnes du roman. Elles en tissent la toile.
Et l’arrière grand-mère en devient le parangon. Elle sera la prêtresse de leurs secrets comme ceux de l’île toute entière.
Quant au héros premier, il ne sera que matière et ce, même si pour les croyants l’âme serait la résistance de l’inexistant.
Manière d’oublier que nous sortons de maman et de papa et non pas de Marie la vierge et de son jouissant visiteur du soir.
Néant ils furent, néant nous sommes. C’est pourquoi Jésus n’est qu’anecdote.
La science des secrets est fait de bien d’autres crevasses et filons. Ils la rendent à certains yeux formidable.
Et Graziani en fait certainement partie.
jean-paul gavard-perret
Jean-Marc Graziani, “De nos ombres”, Joelle Losfeld — Gallimard, 2020.
Un livre onirique,
une écriture chirurgicale, un récit qui file comme de l’eau , sensible et dur, non dénué d’humour, un livre qui se lit sans pouvoir le lâcher de peur de perdre un instant ” d’ombre “.
Un roman original, loin des sentiers battus,où se mêle tendresse et lucidité ;
Un roman à recommander, un roman à lire!!!