Claude Jade, Baisers envolés

Claude Jade res­semble à une icône à laquelle il serait impar­don­nable de tou­cher

Ne me faites pas cela…

Elle n’est pas femme à se cacher der­rière de faux sem­blants. D’ailleurs dès les pre­mières lignes, elle ne masque pas qu’elle est née le 8 octobre 1948 à Dijon. Déjà ! ai-je envie d’écrire. Pour moi, Claude Jade ne sau­rait prendre la moindre ride. Elle était face à moi la semaine der­nière et de fait, je ne voyais que son regard angé­lique sublimé par Fran­çois Truf­faut dans Bai­sers volés, Domi­cile conju­gal et L’Amour en fuite… Elle était encore la mali­cieuse jeu­nesse cour­ti­sée par Jacques Brel dans Mon oncle Ben­ja­min d’Edouard Moli­naro ou encore dans Bon­soir de Jean-Pierre Mocky. Claude Jade res­semble à une icône à laquelle il serait impar­don­nable de toucher.

Elle vient de déci­der de racon­ter sa vie sans tri­cher. Elle dit tout car, m’a-t-elle assuré, “il m’était néces­saire de ne rien occul­ter pour savoir com­ment je m’étais construite.” Claude Jade née Jorré dans cette Bour­gogne a bien eu de la chance après ses appren­tis­sages chez Jean-Laurent Coché avant un échec au concours d’entrée au Conser­va­toire de croi­ser “son” Fran­çois qui vou­lait l’épouser avant d’y renon­cer. Il lui a offert ses plus beaux rôles et, peut-être, son plus bel amour. Vrai, Claude Jade a bien man­qué pas­ser à côté de cette extra­or­di­naire aven­ture ciné­ma­to­gra­phique et sen­ti­men­tale mais pour en savoir plus il vous fau­dra lire son bou­quin. A l’origine, j’étais un peu réti­cent mais dès que je sus qu’elle en était l’unique auteur refu­sant à cor et à cris qu’un “nègre” se charge d’écrire à sa place, je me suis plongé dans sa prose.

Là point d’effets de style ou de recherches lin­guis­tiques. Sim­ple­ment une vie comme je les aime. Douce, lisse, hon­nête où Mlle Jade — j’insiste — ne cache rien de ses amours pour Jean-Claude Dau­phin ou encore de sa liai­son avec Michel Duchaus­soy, dont elle dit tout le bien artis­tique qu’elle pense réel­le­ment. Elle y parle encore lon­gue­ment de son fils Pierre, né de son mariage avec un diplo­mate ren­con­tré au Bré­sil ! Tout cela nous éloigne du cinéma et de la télé­vi­sion où Claude Jade fut l’héroïne dans les années 70 des trop fameux Oiseaux rares et plus près de nous du Sans Famille sur France 2 voire d’un épi­sode de La Crim’. Madame Jade n’est pas de ces comé­diennes à recher­cher l’objectif des pho­to­graphes. Elle se veut pudique et par­ti­cu­liè­re­ment lucide sur sa car­rière. Alors qu’elle deve­nait une star, une autre — Mar­lène Jobert– lui a ravi la vedette. Elle ne sait pas pour­quoi. Mieux, elle ne se pose pas de ques­tions de cette nature.

Claude Jade vit et comme elle l’écrit fort joli­ment “je revien­drai car il ne me reste plus qu’à attendre encore un peu pour deve­nir une déli­cieuse vieille dame… indigne de pré­fé­rence !” De grâce, ne me faites pas cela !

Louis Taillan­dier

   
 

Claude Jade, Bai­sers envo­lés, sou­ve­nirs, Milan, 2004, 450 p.- 21,00 €.

 
     
 

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Filed under cinéma, DVD / Cinéma, Essais / Documents / Biographies

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