Eloge paradoxal du vieillissement
Dans ce film onirique, un vieux poète plus ou moins toxique réunit — sous prétexte de sa mort prochaine mais douteuse — ses fils dans un hôtel où deux femmes arrivent en tant que coeur de spectatrices.
Se retrouve l’univers de réalisateur et son ironie — certes moins évidente qu’en d’autres de ses oeuvres. En noir et blanc, le film est en sourdine mais il fascine par son détachement et son dépouillement voire un effacement absolu. La neige n’est pas pour rien dans cette narration habile et parfois plus drôle qu’il n’y paraît à propos de certains stéréotypes de la masculinité et sa compétition.
Jouant entre le tragique et la comédie, le dit grand poète n’est qu’un pique-assiettes plus ou moins raté. Les femmes deviennent les voyeuses de cette “farce” austère qui a parfois tendance à patauger dans la neige.
Elles n’ont pas de fonction première mais, paradoxalement, c’est ce qui en fait le sel là où tout aurait pu paraître artificiel.
Il n’empêche que demeure une certaine grâce un peu vaniteuse comme le poète. Il laisse tomber la neige car elle ne fait jamais de bruit. Du moins avant les avalanches.
Ici, elles n’auront pas lieu pas plus que morale ou punition.
Et tout est loin du tape-à-l’œil dans cet éloge paradoxal du vieillissement.
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jean-paul gavard-perret
Hotel by the river
De : Hong Sang-Soo
Avec Ki Joo-bong, Kim Min-Hee, Song Seon-mi
Genre : Drame
Durée : 1h 36min
Sortie : 29 juillet 2020
Synopsis
Un vieux poète, qui loge dans un hôtel au bord d’une rivière, fait venir ses deux fils, pensant que sa fin est proche. Lieu de retrouvailles familiales, l’hôtel est aussi celui d’un désespoir amoureux : une jeune femme trahie par l’homme avec qui elle vivait vient y trouver refuge et demande à une amie de la rejoindre…