Un peu facile, déjà faisandé et vain
Iegor Gran ouvre quasiment le bal des livres sur le confinement. Il dit ce que beaucoup n’ont pas osé affirmer de crainte d’être considérés comme moralement incorrects.
Non seulement l’auteur a mal supporté le confinement (même s’il a fait contre mauvaise fortune bon coeur) mais les applaudissements et le concert de casseroles chaque soir accompagnant la « valse des morts » l’ont horripilé.
Nous retrouvons là un discours contre la bonne conscience pour la remplacer par une autre. Comme beaucoup de nos concitoyens, il estime que le peuple aurait pu vaquer à ses occupations plutôt que suivre les directives d’un gouvernement qui pateaugeait dans la semoule.
De fait plus que l’Etat — même s’il en prend pour son grade -, les chaînes d’informations sont mises devant leur incurie. Pendant près de trois mois, une seule information pétrie en tous les sens par divers “spécialistes”. Pour Ian Gregor, ces chaînes (et nous en conséquence) n’on fait que prôner la mort, la peur, la servitude et l’envie d’obéir avant d’illustrer d’un même ton univoque la précarité économique voire la destruction de la culture.
L’auteur accuse ses amis de s’être “terrés comme des rats” et de se réduire au rang de ” grabataires poltrons (…) incontinents de peur”. Partout, la soumission.
Nous sommes selon lui devenus des cobayes d’un “confinement stupide” qui fait écho à ce qu’en a récemment écrit B.H.L.. L’auteur s’emporte, dénonce cet état de fait en ses coups de gueule qui rappellent ceux de son L’écologie en bas de chez moi.
Tout cela reste néanmoins un peu facile, déjà faisandé et vain.
L’auteur ne fait qu’entériner une mode qui, tout compte fait, rassure les penauds qui ont suivi les ordres et qui trouveront peut-être dans cette colère un exutoire à une complicité mâtinée de bienveillance pour pas cher.
jean-paul gavard-perret
Iegor Gran, Ces casseroles qui applaudissent aux fenêtres, P.O.L, Paris, 2020, 144 p. — 13,00 €.