Poétique de l’espace
Françoise Chadaillac, née en Chine en 1949 et initiée à la photographie par son beau-père, part en Californie en 1972, et s’inscrit au studio photo de l’université de Berkeley.
Pour elle, la photographie est le médium idéal pour témoigner de façon esthétique, émouvante et directe de la condition humaine.
C’est seulement après 40 ans que son livre La Reine Patate ou les cantines du détour est édité. Ces photos prises en noir et blanc au Québec jouent de zones sombres et de plus claires pour restituer la sensation du moment quel que soit l’objet de ses prises.
Ici, le sujet est la baraque à frites et autres « food trucks » d’un temps révolu même si de telles maisons, mobiles ou non, existent toujours et deviennent même une nouvelle mode. Celle-ci fleurit dans les rues de Los-Angeles - même si les frites sont remplacées par tacos et “asian foods”.
Les personnages de ces prises se savent photographiés mais ils ne sont aucunement mis en scène. “Ma façon de photographier correspondait à mon rythme lent, et à ma nécessité de m’imprégner de l’esprit des lieux, des gens et de leurs gestes. J’attendais souvent le moment propice où l’image me convenait.” écrit Françoise Chadaillac.
Elle sait attendre et laisser aller sans rien brusquer. Il s’agit pour elle de « recueillir » des images le moment venu. Et, en dépit du temps passé, de telles photographies ne sont en rien la simple restitution d’un passé nostalgique.
C’est avant tout une manière de partager des choses vues au sein d’une poétique de l’espace.
jean-paul gavard-perret
Françoise Chadaillac, La Reine Patate ou les cantines du détour, Editions Loco, 2020, 120 p. -38,00 €.