Tout ce qui reste
Patrizia Mori narre des histoires qui n’existent pas ou dans lesquelles rien ne se passe. “Ça suit son cours” comme disait un héros de Beckett mais les héroïnes comme les plages ou les objets n’attendent plus rien : ils fanent en revivant parfois sous une lumière diaphane des moments d’hier.
Les lieux sont déserts même si s’y dessinent des pas que de grosses vagues vont effacer. C’est là une métaphore que les autres photos de la créatrice précisent. La solitude prime.
Les corps quoique beaux ne croient plus en eux-mêmes : ils s’absentent et leurs émotions semblent avoir disparu.
De telles images frappent par leur composition et leur retenue. Tout semble illustrer la phrase de Michaux : “Au commencement la répétition”.
Chaque prise reste dans un état d’équilibre et de déséquilibre pour souligner la fragilité d’être et le dur désir d’exister.
jean-paul gavard-perret
Patrizia Mori, La conscience de l’inutilité, L’Oeil de la Photographie, Paris, août 2020.