Qui du grimoire ou du marmiton…
Nuwan est apprenti marmiton chez le mage Waïmo. Il se lie avec la jeune et belle Lerëh, une étudiante du mage. Elle lui apprend à lire.
C’est quand il approche le Danthrakon, un grimoire fabuleux, que celui-ci transporte son contenu dans le corps de l’apprenti. Avec l’aide de Lerëh, il part à la recherche d’un moyen de se débarrasser de cet intrus encombrant en laissant derrière eux un énorme bouleversement.
Ils sont sur le catamaran du duc Funkre d’Arpiome, le père de Lerëh, à qui le grimoire a été volé pour être revendu à Waïmo. Pour récupérer son bien, il se livre à des incantations sur un Nuwan abasourdi.
L’inquisiteur Amutu, qui préside la Chambre des Arts Occultes, fait condamner Waïma à la déchéance en le dépouillant de sa force vitale thaumique. Avec la Mygatule, l’entité monstrueuse qu’il a conçue, il se lance sur leurs traces.
Pour fuir les menées de son sulfureux père, Lerëh décide de retrouver sa mère, la magicienne Lyreleï de Sphate, qui l’a abandonnée à sa naissance, il y a dix-huit ans…
Une fois encore Christophe Arleston a peaufiné une série où les aventures les plus débridées se succèdent à un rythme soutenu, confrontant le groupe des personnages principaux à nombre de situations périlleuses. Si le personnage central est souvent dépassé par les événements auxquels il doit faire face, il est assisté par deux héroïnes aux indéniables capacités de réaction. On retrouve le souci du scénariste de donner aux personnages féminins un rôle très positif, celui des véritables moteurs de l’intrigue.
Le grimoire joue également un rôle essentiel, prenant les commandes de son habitat sans que celui-ci puisse faire grand-chose pour s’y opposer.
Le récit donne une large place à un bestiaire particulièrement fabuleux, mettant en avant des entités maléfiques et tout un ensemble d’animaux fantastiques plus ou moins animés par la magie.
Une histoire de Christophe Arleston ne se conçoit pas sans un flux dense d’humour, des dialogues pétillants, des images truculentes et une narration picaresque. Son personnage de l’assistant est un petit monument d’ironie, mais si véridique du monde politique.
Cet univers de magie est superbement mis en images par le talent d’Olivier Boiscommun qui sait insuffler dans ses vignettes le dynamisme des actions, mettre en scène quelques entités de toute beauté. Si les décors sont attractifs, les caractères des protagonistes sont finement restitués dans leur identité et dans leur expressivité.
La mise en couleurs de Claude Guth, avec la collaboration de Florence Torta, confère au graphisme une tonalité fort attrayante.
Ce second tome conforte l’excellente impression laissée par le volet d’introduction tant pour la multiplicité des actions que pour cette galerie de personnages originaux.
serge perraud
Christophe Arleston (scénario), Olivier Boiscommun (dessin), Claude Guth & Florence Torta (couleurs), Danthrakon - T.02 : Lyreleï la Fantasque, Bamboo, label “Drakoo”, juillet 2020, 56 p. – 14,90€.