Le paysage et sa limite
Le Napolitain Enzo Crispino transforme — entre autres — la question du paysage.
Les plages d’été sous la “palette” deviennent étranges : désertes, distanciées, décolorées d’une manière expressionniste de manière douce mais incisive.
Les paysages inspirent des sentiments multiples. Nous sommes loin des images lisses et commerciales. Les photographies peintes proposent en conséquence un itinéraire aussi critique, drôle qu’original : paradoxalement, la plage nue s’agite de nouveaux fantasmes. Existent là le paysage et sa limite.
La photographie paysagère transcende la simple capture. Les couleurs en effacement font que chaque vue nous regarde.
La prise devient« opérante » car il existe, à travers son motif, un retournement de la vue : elle interroge le regard.
De l’œil au regard s’instruit la médiation de l’oeuvre : soudain, c’est elle qui fissure énigmatiquement les certitudes trop facilement acquises de la contemplation fétichiste du paysage tel qu’il nous est coutumier de le voir et de l’envisager.
Ici à l’inverse, un dévisagement a lieu.
jean-paul gavard-perret
Enzo Crispino, C’est l’été, L’Oeil de la photographie, Paris, juillet 2020.