Les licteurs, à l’origine, accompagnent un magistrat et marchent en file indienne en le précédant pour lui ouvrir un passage dans la foule romaine.
Après la fin de la République, les licteurs deviennent une garde militaire qui préfigure la garde prétorienne. Dans le présent récit, ils forment les Forces spéciales de l’Empire romain.
Au large de Paxos, en l’an 33, des marins voyant un nombre impressionnant de poissons morts rapportent à Rome, sous le règne de Tibère, la nouvelle que le dieu Pan est mort.
Dans les faubourgs de Rome, les Licteurs s’entraînent durement pour l’arrivée de l’empereur Héliogabale. Ils sont commandés par Artorius. Pline vient s’enquérir de la situation car l’empereur, qui a beaucoup d’ennemis, arrive le lendemain.
Le soir, ils se retrouvent tous à la taverne, sauf Ursus, depuis qu’il est converti au dieu des Chrétiens.
Malgré les précautions prises, un archer, depuis un toit, tire sur l’empereur, le manque, tuant une servante. Héliogabale, furieux, charge Pline de trouver les initiateurs de l’attentat. Il veut faire construire un temple pour Elagabal, une pierre noire censé représenter le dieu Soleil, le dieu des dieux. Dans ce temple, il veut réunir les reliques des dieux de Rome.
Un Homme noir apparaît chaque fois que Rome est en péril. Il avait été vu près du cadavre de Pan. Sa présence est signalée à nouveau à Samothrace. Artorius et les Licteurs sont chargés de le traquer. Ils vont se retrouver au cœur d’un conflit opposant des dieux et seront confrontés à de sombres puissances et à la folie de l’empereur…
Amalgamant avec entrain la mythologie romaine et grecque, des événements historiques, des personnages authentiques, quelques adaptations d’une réalité et du fantastique, Olivier Richard offre un récit tonique. Les rebondissements sont multiples avec une équipe aguerrie qui doit faire face à des événements étranges, des phénomènes mystérieux, des dangers multiples et se livrer à des combats épiques.
L’éditeur présente l’esprit du diptyque selon la formule suivante : Quand Murena rencontre Lovecraft. Cette image résume fort bien le scénario sachant que Néron est remplacé par Héliogabale qui, dans son genre, n’a rien à envier au premier et que le Cthulhu et autres monstrueuses entités lovecraftiennes cèdent la place à d’autres créatures sombres de la mythologie et de la Bible.
La vie et les excès d’Héliogabale permettent une bonne base d’aventures extravagantes. Syrien, il arrive à Rome comme empereur car sa grand-mère, profitant d’une petite ressemblance avec l’empereur tombé au combat, persuade Rome qu’il est l’héritier. Il est d’abord le grand prêtre autoproclamé d’une religion dont le dieu, Élagabal, est représenté par une pierre noire, peut-être un morceau d’astéroïde. Il est considéré comme un des grands dépravés parmi les empereurs romains, ayant à faire face, dans ce domaine, à des pointures.
Yang Weilin donne vie aux personnages avec un trait réaliste. Il propose une vision des dieux s’inspirant de représentations anciennes qu’il adapte à son propre style. Ses dessins sont dynamiques, d’une belle puissance évocatrice.
Les décors sont très suggestifs et il exécute des doubles pages, des vues panoramiques très agréables à l’œil.
Ce récit, qui peut se définir comme un péplum ésotérique, se découvre avec un intérêt certain pour un scénario alliant Histoire et fantastique, pour son graphisme qui mérite qu’on s’y arrête.
découvrir un extrait
serge perraud
Olivier Richard (scénario), Yang Weilin (dessin) & Pan Zhiming (couleurs), Les Licteurs : t.01 : La mort du grand dieu Pan & t.02 : Dagon, Glénat, coll 24x32, juillet 2020, 48 p. par album au prix de 13, 90 € chacun.