Cultiver notre jardin
Passionné par tout ce qui tient à la vie sous toutes ses formes et au moment où l’environnement originel de l’écosystème se transforme sous le joug des changements climatiques et la diminution des ressources énergétiques, le photographe suisse Mario Del Curto étend la notion de jardin.
Pour lui, ce milieu fabriqué et maîtrisé reste la clé d’une extension de la nature et ce dès les premiers d’entre eux au Kazakhstan. Ils furent les greniers à partir desquels les graines se mirent à essaimer pour diverses causes.
Dans une vision large du jardin, le photographe s’est donc intéressé plus particulièrement à l’institut Vavilov ou la réserve mondiale de semences du Svalbard qui, dans leurs velléités de réunir un maximum d’espèces, regroupent et contiennent des centaines de milliers d’échantillons.
Existe là une conception encyclopédique peut-être démesurée mais qui joue comme sauvegarde d’une partie du vivant en un moment où l’ombre de la catastrophe à venir plane sur le monde.
Mario Del Curto prouve que tout jardin est fondamentalement politique. Son livre et son exposition prennent le rôle sinon d’avertisseur du moins de rappel.
Pour lui, la façon dont nous considérons la nature est la transposition de ce que nous faisons pour notre environnement et la société dans laquelle nous vivons.
Le Vaudois opte à la fois pour la préservation et l’imaginaire. L’utopie proposée est une manière d’envisager de manière plus lucide notre rapport entre nature et humain, en assumant notre impact sur la planète et en réinvestissant le jardin de sa force métaphorique.
L’expression voltairienne “Il faut cultiver notre jardin” prend ainsi l’aspect non d’une échappatoire temporaire mais d’une perspective en laquelle chacun devrait s’investir en une action qui serait la soeur aînée du rêve de vivre mieux.
C’est ce que nous devons à celles et ceux qui nous suivent.
jean-paul gavard-perret
Mario Del Curto, Humanité Végétale, Editions Actes Sud, 2020, 480 p.
Exposition au Centre de culture contemporaine de Nantes, jusqu’au 30 août 2020.