Claire Cantais, Jours sauvages

L’appren­tis­sage de la survie…

La roman­cière semble très inté­res­sée par les sujets qui traitent d’un retour à la terre. Les stages dénom­més L’art de vivre dans les bois se mul­ti­plient pour répondre à une ten­ta­tive de rap­pro­che­ment de l’Homme vers la nature.
D’où l’idée de plon­ger un petit groupe d’adolescents cita­dins dans un uni­vers qui leur est pra­ti­que­ment inconnu et de suivre l’évolution pos­sible des dif­fé­rents membres.

Ils sont sept, âgés de 13 à 15 ans qui se retrouvent dans les Pyré­nées pour un stage d’inspiration sur­vi­va­liste. Ils sont pris en charge, à leur arri­vée à Ves­per, par le Major, le res­pon­sable. Ils sont enca­drés éga­le­ment par Joe, l’animateur et Maud, une grande femme à la cin­quan­taine bien conser­vée qui fait office de cui­si­nière, infir­mière…
Angelo a été ins­crit par un père encore enchanté par ses années de scou­tisme. Lucie, au visage de chat, rêve de ce stage pour se dépas­ser. Nolan est un gar­çon capri­cieux qui a choisi d’être là pour échap­per à un séjour lin­guis­tique. Moussa est un grand cos­taud alors que Nou­ria est une fille dis­crète, voire réser­vée. Char­lène, une jolie blonde et Eugène, un mai­gri­chon qui souffre d’asthme, com­plètent le groupe.

Les débuts ne sont pas faciles pour tous. Si Lucie, qui s’est pré­pa­rée, est à l’aise dans les par­cours d’obstacles, les foo­tings et autres exer­cices phy­siques, ce n’est pas le cas pour tous. Nolan est d’une humeur mas­sa­crante car Maud a récu­péré tous les smart­phones. De toute façon, il n’y a pas de wifi dans cette zone très recu­lée. La nour­ri­ture, adap­tée à leur nou­veau rythme de vie, dérange leurs habi­tudes ali­men­taires.
Mais la vie dans les bois, cou­pés de leur repères habi­tuels, réserve bien des sur­prises, sur­tout quand la folie humaine s’invite dans la partie…

Ce stage d’été per­met de faire vivre des situa­tions ten­dues sans user de dys­to­pie, sans avoir besoin d’événements cata­clys­miques, guerre nucléaire, bac­té­ri­cide…
Avec une “colo­nie de vacances” dans un lieu isolé, le décor est bien planté.

Claire Can­tais conçoit une gale­rie de dix pro­ta­go­nistes qui per­mettent un éven­tail de carac­tères suf­fi­sam­ment repré­sen­ta­tif des types de popu­la­tion les plus répan­dues et de pro­fils psy­cho­lo­giques. Elle pro­pose ainsi le “connard de base” insup­por­table que l’on aime détes­ter, le gar­çon au grand cœur, la fille spor­tive, la belle qui aime séduire, le gar­çon obsédé par les filles, le fre­lu­quet… Avec cha­cun, elle étu­die les réac­tions face aux dif­fi­cul­tés, les rap­ports avec une hié­rar­chie…
Elle fait pas­ser ses per­son­nages par toute une gamme de sen­ti­ments, de l’amitié à l’amour, de l’entraide à l’abus de pou­voir, de la jalou­sie à la prise de risque incon­si­dé­rée. L’humour n’est pas absent de dia­logues, voire de situations.

Jours sau­vages, ce thril­ler psy­cho­lo­gique, se lit avec inté­rêt tant la ten­sion va crois­sante jusqu’à un final éblouissant.

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serge per­raud

Claire Can­tais, Jours sau­vages, Syros, juillet 2020, 288 p. – 16,95 €.

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