Dans des jardins italiens
Les déjeuners sur l’herbe de Ghirri sont bien loin de celui de Manet… Nulle trace humaine à l’horizon.
Le monde est inanimé et organisé dans un superbe sens de la couleur et de l’espace. Chaque image est construite avec un soin extrême.
C’est de Modène — sa ville d’adoption — et depuis 1970 que Ghirri arpente les rues, tourne autour des maisons de faubourg en reconstruisant un petit monde très particulier et un rien désuet qu’il saisit à sa façon dans des cadrages particulier.
Le photographe se risque parfois un peu plus loin : sur les plages de Rimini ou au bord des lacs suisses. Mais le processus est toujours le même : rassembler autour d’un thème poétique une vision particulière des lieux afin d’en tirer un propos spécifique.
Le premier fut celui qui donne le titre à ce superbe livre. Le photographe dépeignait ces déjeuners de manière ironique et angoissante — ce qui est souvent le cas là où un aspect rigoriste préside à ses prises. Chaque fois, Ghirri se focalise sur la jonction entre la nature et l’artifice.
Ne cherchant en rien les paysages de jardin à l’anglaise, il préfère ceux où la symétrie règne.
Existe toujours la capture de la symétrie : celle de cyprès ou de cactus en pot ou d’autres arbres en espaliers ou autres formes contraintes.
jean-paul gavard-perret
Luigi Ghirri, Colazione sull’Erba, textes (français, italien, allemand et anglais) de Massimo Mussini, Roberto Salbitani & Francesco Zanot. Mack, Londres, 2020, 176 p. — 45,00 €.