Ourlets de chair et de coeur
Trois femmes sont les héroïnes de ce film. Elles se retrouvent sur le parking d’une cité avant de passer la frontière franco-belge pour devenir des prostituées là où la joie n’est pas forcément la panacée.
Ces trois filles sont lucides sur leur état. Mais le film n’est jamais glauque et ne joue pas de la commisération. Il se refuse à une sociologie de la prostitution.
Existe là un “revenge porn” assez original qui évite certains poncifs — même si le film en caresse (si l’on peut dire) d’autres. Un réel point de vue se manifeste et c’est essentiel.
Aux coutures de leur chair, les corps sont hantés des brûlures de l’indicible. Ils ne sont en rien des reliquaires, leurs jambes sont scellées à la nocturne clarté de la chute du temps au parloir de la vie que représente le bordel
La laideur est volontaire, la mise en scène de la mise en scène se donne aussi loin de tout intérêt esthétique attendu par une certain mainstream critique.
Surgit quelque chose d’indomptable mis en exergue par les trois actrices qui incarnent les héroïnes et dans lesquelles s’arpentent les ourlets de chair et de coeur.
jean-paul gavard-perret
Filles de joie
De : Anne Paulicevich & Frédéric Fonteyne
Avec : Sara Forestier, Noémie Lvovsky, Annabelle Lengronne
Genre : Drame
Durée : 1h31mn
Sortie : 22 juin 2020
Synopsis
Axelle, Dominique et Conso partagent un secret. Elles mènent une double vie. Elles se retrouvent tous les matins sur le parking de la cité pour prendre la route et aller travailler de l’autre côté de la frontière. Là, elles deviennent Athéna, Circé et Héra dans une maison close. Filles de joie, héroïnes du quotidien, chacune se bat pour sa famille, pour garder sa dignité. Mais quand la vie de l’une est en danger, elles s’unissent pour faire face à l’adversité.