Kate, Sean et leurs deux enfants arrivent en Languedoc pour passer une semaine de vacances. Elle va retrouver ses amies, rencontrées à la faculté, pour fêter leurs quarante ans avec maris et enfants.
Depuis quelques temps, Kate trouve l’attitude de Sean curieuse. Il s’est inscrit dans une salle de sport, il ne lâche plus son téléphone mais répond que tout va bien quand elle le questionne.
Ils s’installent mais son fils de neuf ans presse son père pour aller dans la piscine de la villa. Trois notifications de messages arrivent presque coup sur coup sur le téléphone laissé par Sean. Kate ne peut résister. Elle déverrouille et découvre une série de textos qui révèlent une liaison. Sean la trompe avec… une de ses amies. Tout s’effondre !
Cependant, elle réagit pour débusquer celle qui l’a trahie.
Commence alors, pour Kate, une enquête douloureuse où elle va traquer tous les indices pour découvrir celle qui entretient une relation amoureuse avec son mari.
Kate est enquêtrice depuis treize ans au sein de la police scientifique de Londres. Mais lorsqu’on est si étroitement impliquée, la traque se révèle encore plus difficile. Les émotions, les sentiments prennent le dessus. Elle se met à douter de tout, à s’interroger sur ce qu’elle voit, ce qu’elle entend, sur ce qu’elle perçoit et qu’elle analyse selon l’angle qui la préoccupe, qui va dans le sens de la recherche de la traîtresse.
Elle se met à espionner, à scruter, à étudier les gestes, les attitudes, en tirer des conclusions hâtives démontées souvent par des actes ultérieurs.
Il y a aussi la vie en commun, les rapports avec les enfants, avec le mari, avec les autres maris, les amies et la…félonne ! Et des souvenirs remontent à la surface.
Kate n’est-elle pas à l’origine de drames, n’est-elle pas la cause de situations actuelles ?
Le romancier détaille les façons d’appréhender les événements, les conflits. En quelques jours, l’ambiance va se dégrader. Chacune et chacun cultivent des secrets, commencent à aborder Kate avec : “Il faut que je te dise…”, “Il faut que je te parle…”.
Mais un impondérable interrompt ce début de révélation, accroissant encore la paranoïa de l’héroïne et la tension du lecteur.
Car, il faut saluer la performance du romancier qui réussit à tenir en tension un huis clos entre douze personnes dans une résidence de rêve où tout concourt à faire de ce séjour en ces lieux un moment idyllique. Des réflexions, des annotations sur l’éducation des rejetons, sur les rapports entre le père et l’enfant, ceux entre la mère et sa progéniture qui ne sont pas sur le même plan, beaucoup plus profonds.
Il fait évoquer par Sean, qui plaisante avec son fils, un point commun entre Irlandais et Français : la détestation des Anglais. On peut avoir une petite interrogation lorsque Kate pense, page 44 : “Mon nez se remplit des odeurs enivrantes de lilas…”, alors que page 12 elle : “…retourne à la contemplation des vignes aux grappes presque mûres.”
Et l’histoire se conclut par une chute surprenante, amenée avec brio, explicitant attitudes et propos tenus tout au long du livre.
Un excellent polar qui démontre qu’on peut construire une superbe intrigue avec des faits quotidiens.
serge perraud
T. M. Logan, Holiday : Sept jours – Trois couples – Un meurtre (Holiday), traduit de l’anglais par Bertrand Guillot, Hugo, coll. “Thriller”, juin 2020, 464 p. – 19,95 €.