Stuart Turton, Les Sept Morts d’Evelyn Hardcastle

Envoû­tant !

Le roman­cier pro­pose un huis clos dans un immense domaine dont on ne peut sor­tir tant qu’une énigme n’est pas réso­lue. Dans ce manoir, presque à l’abandon, un meurtre va avoir lieu à 23 heures. Eve­lyn, la fille des pro­prié­taires va mou­rir sauf si …
Dans ces lieux, un homme, entouré d’une gale­rie étof­fée de per­son­nages qui forment une belle bro­chette de sus­pects, doit revivre la même jour­née à tra­vers huit pro­ta­go­nistes pour se déli­vrer et pou­voir cer­ner la vérité.

Dans un bois, un matin un homme entend une femme qui appelle à l’aide. Il crie Anna sans savoir qui est Anna ni pour­quoi il appelle. Un coup de feu reten­tit. Une ombre, der­rière lui, place une bous­sole dans sa main lui disant d’aller vers l’est. Il se retrouve devant un grand manoir de type géor­gien où un homme le prend en charge car il a tota­le­ment perdu la mémoire. Sur la bous­sole des ini­tiales qui sont les siennes. Son bon Sama­ri­tain lui révèle qu’il s’appelle Sebas­tien Bell et qu’il est méde­cin.
Le géné­ra­liste qui l’examine découvre sur son avant-bras des bles­sures faites par un cou­teau. Le fils de ses hôtes l’informe que, lors du dîner de la veille, une ser­vante lui a apporté un mot manus­crit qui l’a beau­coup trou­blé.
Amné­sique, dans une situa­tion cri­tique car on a cher­ché à l’agresser, sans nou­velles de cette femme qui appe­lait au secours, il décide de fuir ce manoir qu’il consi­dère comme mau­dit. Il part cher­cher ses bagages dans sa chambre. Un homme, habillé comme un méde­cin de peste médié­val, l’attend. Il le met en garde contre le valet de pied qui le trou­vera bien­tôt.
Alors qu’il roule en direc­tion du vil­lage, qu’il ne peut atteindre, il se retrouve à son réveil dans le corps du… majordome…

L’intrigue se pré­sente comme un véri­table laby­rinthe où le per­son­nage prin­ci­pal doit navi­guer entre diverses per­son­na­li­tés, revivre des situa­tions avec des approches dif­fé­rentes et tou­jours sous le coup d’une menace dif­fuse et l’irruption de l’inattendu. Il en résulte une his­toire riche, com­plexe, pleine de sur­prises et de rebon­dis­se­ments.
Tous les détails ont leur impor­tance. Ce roman néces­site une lec­ture atten­tive pour ne pas se perdre dans les méandres mul­tiples ini­tiés par le romancier.

En tant que lec­teur on se retrouve, comme le héros, plongé dans une boucle tem­po­relle nour­rie de nom­breux mys­tères entre les lieux, la gale­rie des inter­ve­nants, la tem­po­ra­lité et les hypo­thèses qui sont tou­jours inap­pro­priées tant l’auteur est retors.
Mais, il a énor­mé­ment de rigueur dans l’écriture. Tout est cal­culé, mesuré, agencé : chaque énigme en cache d’autres, plus sombres, plus anxiogènes.

Un livre ori­gi­nal et cap­ti­vant avec sa recons­ti­tu­tion de l’atmosphère chère à ces Reines du Crime qui ont régné si long­temps sur le roman policier.

serge per­raud

Stuart Tur­ton, Les Sept Morts d’Evelyn Hard­castle (The Seven Deaths of Eve­lyn Hard­castle), tra­duit de l’anglais par Fabrice Poin­teau, Édi­tions 10/18, coll. “Poli­cier” n° 5543, juin 2020, 600 p. – 9,10 €.

Leave a Comment

Filed under Pôle noir / Thriller

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>