Le romancier propose un huis clos dans un immense domaine dont on ne peut sortir tant qu’une énigme n’est pas résolue. Dans ce manoir, presque à l’abandon, un meurtre va avoir lieu à 23 heures. Evelyn, la fille des propriétaires va mourir sauf si …
Dans ces lieux, un homme, entouré d’une galerie étoffée de personnages qui forment une belle brochette de suspects, doit revivre la même journée à travers huit protagonistes pour se délivrer et pouvoir cerner la vérité.
Dans un bois, un matin un homme entend une femme qui appelle à l’aide. Il crie Anna sans savoir qui est Anna ni pourquoi il appelle. Un coup de feu retentit. Une ombre, derrière lui, place une boussole dans sa main lui disant d’aller vers l’est. Il se retrouve devant un grand manoir de type géorgien où un homme le prend en charge car il a totalement perdu la mémoire. Sur la boussole des initiales qui sont les siennes. Son bon Samaritain lui révèle qu’il s’appelle Sebastien Bell et qu’il est médecin.
Le généraliste qui l’examine découvre sur son avant-bras des blessures faites par un couteau. Le fils de ses hôtes l’informe que, lors du dîner de la veille, une servante lui a apporté un mot manuscrit qui l’a beaucoup troublé.
Amnésique, dans une situation critique car on a cherché à l’agresser, sans nouvelles de cette femme qui appelait au secours, il décide de fuir ce manoir qu’il considère comme maudit. Il part chercher ses bagages dans sa chambre. Un homme, habillé comme un médecin de peste médiéval, l’attend. Il le met en garde contre le valet de pied qui le trouvera bientôt.
Alors qu’il roule en direction du village, qu’il ne peut atteindre, il se retrouve à son réveil dans le corps du… majordome…
L’intrigue se présente comme un véritable labyrinthe où le personnage principal doit naviguer entre diverses personnalités, revivre des situations avec des approches différentes et toujours sous le coup d’une menace diffuse et l’irruption de l’inattendu. Il en résulte une histoire riche, complexe, pleine de surprises et de rebondissements.
Tous les détails ont leur importance. Ce roman nécessite une lecture attentive pour ne pas se perdre dans les méandres multiples initiés par le romancier.
En tant que lecteur on se retrouve, comme le héros, plongé dans une boucle temporelle nourrie de nombreux mystères entre les lieux, la galerie des intervenants, la temporalité et les hypothèses qui sont toujours inappropriées tant l’auteur est retors.
Mais, il a énormément de rigueur dans l’écriture. Tout est calculé, mesuré, agencé : chaque énigme en cache d’autres, plus sombres, plus anxiogènes.
Un livre original et captivant avec sa reconstitution de l’atmosphère chère à ces Reines du Crime qui ont régné si longtemps sur le roman policier.
serge perraud
Stuart Turton, Les Sept Morts d’Evelyn Hardcastle (The Seven Deaths of Evelyn Hardcastle), traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau, Éditions 10/18, coll. “Policier” n° 5543, juin 2020, 600 p. – 9,10 €.