Pour son premier texte de fiction, Hélène Révay fait parler un personnage apparemment incarcéré. Pour autant, l’état du locuteur l’emporte vers un état moins de soumission que de perfection.
Eloigné des autres et de leur Enfer, menotté où non, il peut se livrer dans l’exercice de la solitude aux projets les plus grandioses.
Pour palier à l’absence de ses alter-ego son “je” devient un autre (du moins à leurs yeux) riche de projets fous mais qui lui permettent, et comme il l’affirme, de jouir tout le temps. Dès lors et d’une certaine manière, il a sollicité ceux qui sont ses géôliers même si à l’origine tout repose sur une sorte de malentendu qu’Hélène Révay rapporte de manière caustique mais droite dans ses mots.
Il y a chez elle du Musil, du Kafka et d’un auteur proche d’elle par le nom : Yves Ravey.
Mais Hélène est plus radicale. Tout s’obstine chez son personnage par la percussion des mots entre caresse et griffe mais sans sentimentalité ni violence. A chaque paragraphe s’inscrit une loqueteuse union avec le monde dénudé dans une splendide indifférence.
Les mots se métamorphosent en intime écho des plus discrets pour souligner un engagement de solitaire recherche en tant que remède contre le dénuement par lui-même.
Et, dans le genre, c’est parfait.
jean-paul gavard-perret
Hélène Révay, Bien loin du reste, Les éditions sans escales, 2020, 34 p. — 13,00 €.