Paysages et territoires en repons
L’un (Nathan le photographe) choisit d’abord une de ses photos en joignant trois mots. L’autre (Laurent, écrivain et père du premier) lui répond par une fiction.
Il la fait parvenir à son fils qui lui répond par une autre photographie et à nouveau trois mots.
D’où ce voyage entre l’écriture et l’image en noir et blanc qui rappelle chaque fois une imbrication entre le territoire, le temps et les hommes (principalement des pays qui furent soumis au communisme).
Il ne s’agit pas pour l’un comme pour l’autre d’embaumer ce qui fut mais de proposer en double et repons une rencontre décalée, différée qui reconduit le spectateur et le lecteur vers les défilés de l’inconscient sans qu’il ne puisse s’extraire du péril des traversées.
Tout se passe comme si, au-delà d’échos souvent mortifères et jusque-là occultés, s’ouvrait enfin une brèche là où, par exemple, “des hommes en noir repeignent les murs en deuil blanc” pour sortir des vieilles contraintes.
Semblent parfois résonner les bruits d’acier des parades militaires de jadis.
De la confrontation communicante jaillit une zone soustraite aux rites de l’habitude. Soudain le vieux monde vacille. Le regard s’absorbe dans la ruine donc se calcine et ce en absence de charmes anodins, superflus pour donner naissance à un nouveau tissu du monde.De la décrépitude des vieilles emphases jaillit un lieu où mouille la vie là où il faut s’efforcer de danser sur les ruines.
lire notre entretien avec Laurent Grison
jean-paul gavard-perret
Laurent & Nathan Grison, Parcourir le silence, Editions Unicité, 2020, 48 p. — 13,00 €.