Quand le maçon des mots s’amuse
Christophe Esnault est né en 1972. Il vit à Chartres. Lecteur boulimique de tous les écorchés de génie depuis Isidore Ducasse, il se dit rester traumatisé par les innombrables lectures du sublime 4.48 Psychose de Sarah Kane. Il offre ici sa biographie. Mais il faut se méfier de ses dires.
Ses mises en scènes oblongues sont là afin que le faux-menteur tourne en dérision son tout à l ‘égo selon des digressions farcesques.
Lorsqu’il affirme avoir eu — boissons aidant — une expérience homosexuelle avec un autre poète, c’est là pour peaufiner une belle chute : “on ne sait pas des deux qui est Verlaine, qui est Rimbaud”.
Et tout le livre est offert sur le même ton.
Que l’on ricane — selon lui — dans le dos du poète n’importe pas : il ne s’en soucie guère. Il continue ses vacations pour mordre à l’essentiel sans donner l’impression d’y toucher.
Et si, pour un tel maçon des mots, le monde est truelle il a soin de plâtrer son texte en biffant certaines de ses lignes quand il n’est pas d’accord avec lui-même.
Esnault nous rappelle que, sans don pour l’amour et le rire, le poète n’est qu’un histrion gâteux. Sur ce plan, un tel créateur n’a pas la moindre angoisse à caresser.
Son oeuvre ne souffre jamais d’indigence sans doute parce qu’en “anti-poète” il cultive, dans son terrain de spores, les hématomes crochus.
jean-paul gavard-perret
Christophe Esnault, Poète Né, Editions Conspiration, Paris, 2020, 88 p. — 14,00 €.
A la criée . Haut et fort . Esnault est Rimbaud !