Philippe Pelaez & Laval NG, Alter – t.01: “Ceux qui partent”

Est-ce ce qui attend les pro­chaines générations ?

L’intrigue se déploie en 2082 et les évé­ne­ments qui s’y déroulent sont les consé­quences directes de situa­tions dra­ma­tiques sur­ve­nues en 2070 quand le Pré­sident en titre a voulu déclen­cher la guerre totale.
Certes, aujourd’hui, ima­gi­ner un pré­sident des États-Unis atteint de folie est reprendre la réa­lité sans même avoir à la trans­po­ser dans quelques décen­nies.

L
a Terre est épui­sée et la quasi-totalité des res­sources en miné­raux a été consom­mée. Le scé­na­riste conjugue avec aisance et maî­trise, les concepts rele­vant de la science-fiction, du space opera, de la pros­pec­tive, de l’anticipation, des mondes paral­lèles et de l’écologie. Il ordonne une his­toire qui met en scène nombre de ces élé­ments dans une bonne maî­trise et une excel­lente cohérence.

Muñoz, inter­rogé dans la cadre d’une com­mis­sion d’enquête sur le com­man­dant Sylan Kas­sidy, défend celui-ci. On lui rétorque qu’il est fas­ciné par lui, par ce qu’il était avant. Mais avant quoi s’insurge Muñoz, avant que sa femme se fra­casse en voi­ture contre un arbre, que l’Hybris se crashe sur une pla­nète gelée où l’équipage a failli se faire bouf­fer par les autoch­tones ?
L’Hybris, un navire miné­ra­lier, a dû atter­rir d’urgence après avoir été pris dans un étrange nuage aux abords de Patrole. Deux membres de l’équipage, par­tis en recon­nais­sance, sont la proie d’agresseurs incon­nus, des sortes de zom­bis affa­més. Ceux-ci attaquent le vais­seau et pro­gressent mal­gré les ten­ta­tives de les repous­ser. En fai­sant diver­sion, le gros de l’équipage s’échappe dans une navette de secours.

Pendant toute l’opération, Kas­sidy a été en contact radio avec le pré­sident des États-Unis qui suit en temps réel les évé­ne­ments. Ayant pu s’emparer du corps d’un assaillant mort, les scien­ti­fiques de l’Hybris qui l’examinent sont très sur­pris.
Alors que le vais­seau est censé se trou­ver à des mil­lions de kilo­mètres, les com­mu­ni­ca­tions res­tent très bonnes. Cepen­dant, le plus étrange arrive quand Kas­sidy constate qu’il voit, depuis la navette, la même chose que le pré­sident, l’île de Man­hat­tan, le pont de Brook­lyn… mais en ruines !

Le scé­na­riste pro­pose une fable éco­lo­gique, une dys­to­pie dénon­çant ces pro­grès tech­no­lo­giques qui génèrent de tels besoins de matières pre­mières que l’épuisement de celles-ci, sur Terre, est inévi­table. D’ailleurs, le pro­blème est si cru­cial que l’auteur fait trans­for­mer un vais­seau spa­tial de guerre en miné­ra­lier.
C’est Laval NG qui assure le des­sin et Florent Daniel la mise en cou­leurs. Le pre­mier pro­pose une mise en page attrac­tive sachant se libé­rer des ali­gne­ments de vignettes pour pro­po­ser des planches plus dyna­miques. Si les décors exté­rieurs sont tra­vaillés, ceux de scènes inté­rieures res­tent en retrait pour pri­vi­lé­gier les per­son­nages et leur expres­si­vité. Ceux-ci béné­fi­cient d’une repré­sen­ta­tion bien syn­thé­tique.
Le second apporte une colo­ri­sa­tion assez neutre qui sied à l’atmosphère du récit et au cadre d’une pla­nète sau­vage. Et les inté­rieurs de vais­seaux, tout comme les bâti­ments admi­nis­tra­tifs, ne béné­fi­cient pas encore des débauches de teintes de l’Art nouveau.

Alter, qui peut être un dimi­nu­tif d’Alternative, se révèle un album sédui­sant au scé­na­rio inven­tif et solide.

serge per­raud

Phi­lippe Pelaez (scé­na­rio), Laval NG (des­sin) & Florent Daniel (cou­leurs), Alter – t.01 : Ceux qui partent, Bam­boo, label Dra­koo, juin 2020, 96 p. – 19,90 €.

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