Cette “Lettre de Paris au camarade Kostrov sur l’essence même de l’amour” donne une vision particulière et dégagée de bien des idéologies de Vladimir Maïakovski. L’auteur y devient plus proche du Futurisme que seulement du marxisme ou du surréalisme.
Pour preuve ce quatrain : “L’amour n’est pas paradis délicieux, / l’amour c’est quand cela souffle en vous / et que du cœur le moteur rouillé / se remette en marche, à nouveau.”
L’auteur ici tente d’expliquer cette élévation “copernicienne” à celui qui à Moscou, “lieux et temps aidant”, ne peut comprendre l’état de sidération cosmique qui fait dire au poète : “De la terre au ciel, les feux, /dans le ciel, les astres en nombres. / Si je ne m’étais fait poète, /je serais un astronome.“
Nous sommes bien loin de l’image classique de Maiakovski.
Apparaît une dimension non sanitaire de l’amour. De la physique de l’aimée il passe à une méta-physique qui le fait échapper au seul statut de “rival maudit” du mari de l’objet de ses voeux.
Ce texte devient presque une curiosité aussi quasi farfelue et ironique qu’enthousiaste et profonde.
Maiakovsk quitte “des draps en loques d’insomnies” pour une ode à l’amour plus fou que chez Breton lui-même.
jean-paul gavard-perret
Vladimir Maïakovski, Lettre de Paris (1928), Editions Derrière la Salle de Bains, Roen, 2020 — 5,00 €.