Le confinement est le prétexte pour certains artistes (du moins ceux qui ne souffrent pas dans la misère) à cultiver leur ego-trip et offrir des productions musicales (mais pas que). Il n’est pas jusqu’au Rolling Stones d’y avoir habilement sacrifié en anticipant d’un an la sortie du titre “Ghost Town” de leur prochain album. Bien leur en a pris. Ils reviennent pour les 80 ans de Charlie Watts au sommet de l’actualité.
Sébastien Tellier que certains prennent pour un dandy — même s’il y a sans doute là confusion sur le terme — y va de son album confit ou déconfit. “Toutes les journées se ressemblaient les unes les autres, je ne pouvais pas voir mes proches et mes potes, alors je ressassais sans cesse” écrit l’artiste et cela se sent. A-t-il trop pensé ou pas assez à son album ?
Mais l’ensemble que beaucoup montent déjà aux nues ( on pense à l’émission “Quotidien” par exemple) laisse sur notre faim et c’est peu dire.
Rien de vraiment sensible et original dans un tel opus. Et si en 2003 “La Ritournelle” était devenu un tube, il ne reste pas grand chose de probant dans le ciel mi-bleu, mi-gris de ses nouvelles ritournelles qui se veulent souvent lancinantes.
Mais il est vrai que l’auteur compositeur s’affiche farceur et joue de divers grandiloquence dans la nostalgie, l’ennui ou parfois une certaine euphorie.
Sous couvert de célébrer sa nouvelle vie, à la maison, entre tâches domestiques et en feignant de déchirer des clichés rock star mégalo avec lesquels il joue — ou pas -, l’artiste propose cet album dont le titre a été trouvé par son amie Sofia Coppola. Il se veut à double entente ou entrée.
Mais entre vie domestique ou domestication, rien de changé pour autant.
L’électro reste main-street et les histoires narcissiques sans grand intérêt.
Les “trucs” et effets sonores sont multiples et celui qui est censé posséder une “patte sensuelle” propose ici une bande-son des plus prétentieuses et anecdotiques.
écouter quelques extraits
jean-paul gavard-perret
Sebastien Tellier, Domesticated, Record Makers, 2020.