François Trocquet, Eponyme

Une mémoire à déposer

Fran­çois Tro­quet, admi­ra­teur d’Olivier Mos­set, trouve un moyen de dépas­ser son “modèle” par son explo­ra­tion des coins sombres du réel pour l’interroger.
Pas­sant de la pein­ture au des­sin, le crayon ou le stylo lui per­met de rete­nir d’une manière pri­male ce qui échappe au regard.

Ses espaces archi­tec­tu­raux des­si­nés avec les contrastes du noir et blanc, de la lumière et de l’ombre créent des atmo­sphères étranges. Pour croire que quelque chose existe, l’artiste s’enivre au silence de lieux pour mesu­rer la dis­tance entre le croire et l’impossibilité d’y par­ve­nir.
Toute une mémoire est à déposer.

Les recons­ti­tu­tions sont pré­cises et subli­mées. Elles font jaillir des lieux per­dus ou incon­nus. Le tout dans une sim­pli­cité, un dénue­ment où la vie erre en divers chan­tiers.
Chaque espace  est à par­cou­rir, à détailler là où le crayon Bic noir glisse sur un papier crème, rectangulaire.

Le désordre est savam­ment choisi et remonté avec sérieux mais non sans humour. Les pay­sages n’existent pas, leur motif est pure­ment ima­gi­naire même si des pho­to­gra­phies ont servi de sup­port à leur struc­ture. Mais tout est poussé vers l’ailleurs dans un temps loin­tain.
Chaque des­sin inter­roge là où le regard devient un globe ocu­laire inversé entre pierre et nature en des lieux plus ou moins  sinistres ou sinistrés.

L’enjeu est de recons­truire ce qui devient chaos.

jean-paul gavard-perret

Fran­çois Troc­quet, Epo­nyme, Les édi­tions Der­rière la salle de bains, Rouen, 2020 — 5,00 €.

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