Poésie sur paroles
Lire notre critique de Prométhée, nuits et chimères
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La crainte de ne le pouvoir.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Un livre scellé, repaire de l’informulé.
A quoi avez-vous renoncé ?
A effeuiller l’antiphonaire des accords d’aube.
D’où venez-vous ?
D’un jardin sans Eden, du sérail d’un regard.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Une bougie pour vivifier les ombres et organiser l’espace.
Qu’avez vous dû “plaquer” pour votre travail ?
Tout ce que j’ai récolté et entassé dans les charrois de l’indifférence.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Le cri du silence, Casanova dans les fontes des plombs.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Ma place à la proue de la Nef des Fous
Où travaillez vous et comment ?
Enclose dans une bure, à l’ombre d’un lutrin sur lequel l’aigle étend ses ailes enclouées, et pourtant il s’envole.
Quelles musiques écoutez-vous en travaillant ?
Celle des sphères donc celle de la forge initiale.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Celui qui n’est pas encore écrit.
Quel film vous fait pleurer ?
Le film qui fait rire les autres.
Quand vous vous regardez dans un miroir, qui voyez-vous ?
Un jardin premier où tout est à créer.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A celui qui n’est pas encore né.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Là, où j’irai mourir.
Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
Les disciples de Noé, les pierres dans leur tension charnelle.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Un éphéméride à l’envers.
Que défendez-vous ?
Les rêves d’hiver qui se dégustent à la table des anges.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Les escaliers qui mènent dans le haut de la tour ne se trouvent pas dans la tour elle-même.
Enfin que pensez vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?”
Seul l’invisible porte l’originel.
propos recueillis par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com en janvier 2013