Entretien avec Nicole Hardouin (Prométhée, nuits et chimères)

Poésie sur paroles

Lire notre cri­tique de Pro­mé­thée, nuits et chimères

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La crainte de ne le pouvoir.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Un livre scellé, repaire de l’informulé.

A quoi avez-vous renoncé ?
A effeuiller l’antiphonaire des accords d’aube.

D’où venez-vous ?
D’un jar­din sans Eden, du sérail d’un regard.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
Une bou­gie pour vivi­fier les ombres et orga­ni­ser l’espace.

Qu’avez vous dû “pla­quer” pour votre tra­vail ?
Tout ce que j’ai récolté et entassé dans les char­rois de l’indifférence.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Le cri du silence, Casa­nova dans les fontes des plombs.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Ma place à la proue de la Nef des Fous

Où tra­vaillez vous et com­ment ?
Enclose dans une bure, à l’ombre d’un lutrin sur lequel l’aigle étend ses ailes enclouées, et pour­tant il s’envole.

Quelles musiques écoutez-vous en tra­vaillant ?
Celle des sphères donc celle de la forge initiale.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
Celui qui n’est pas encore écrit.

Quel film vous fait pleu­rer ?
Le film qui fait rire les autres.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir, qui voyez-vous ?
Un jar­din pre­mier où tout est à créer.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A celui qui n’est pas encore né.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Là, où j’irai mourir.

Quels sont les artistes dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Les dis­ciples de Noé, les pierres dans leur ten­sion charnelle.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un éphé­mé­ride à l’envers.

Que défendez-vous ?
Les rêves d’hiver qui se dégustent à la table des anges.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Les esca­liers qui mènent dans le haut de la tour ne se trouvent pas dans la tour elle-même.

Enfin que pen­sez vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?”
Seul l’invisible porte l’originel.

pro­pos recueillis  par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com en jan­vier 2013

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