Lydie Dattas, Le livre des anges suivi de La Nuit spirituelle & de Carnet d’une allumeuse

La rose noire

La vie et l’oeuvre de Lydie Dat­tas sont inti­me­ment liées. Fille du musi­cien Jean Dat­tas, orga­niste de Notre-Dame de Paris, elle écrit très tôt des poèmes et connaît sa pre­mière publi­ca­tion à 20 ans au Mer­cure de France. Libre,  elle avance sou­vent où elle n’est pas atten­due.
A 23 ans, elle épouse Alexandre Bou­glione, se lie d’amitié avec Jean Genet, ren­contre Jean Gros­jean qui pré­fa­cera son livre majeur Le livre des anges, cor­res­pond avec Ernst Jün­ger, avant de par­ta­ger le che­min de Chris­tian Bobin.

Ce volume per­met de réunir trois cor­pus majeurs de l’auteure. Avec au départ le Livre des anges qui fut un évé­ne­ment par sa force lyrique d’un chant qui navigue entre mys­ti­cisme, sen­sua­lité et fémi­nité assumée.

Celle qui reven­dique la puis­sance du cœur au pres­tige de l’intelligence laisse libre cours à son aven­ture exis­ten­tielle.  Autant dans La nuit spi­ri­tuelle, écho de ses rela­tions ambi­va­lentes et tour­men­tées avec Jean Genet que le plus récent Car­net d’une allu­meuse (dans une ver­sion nou­velle).
Lydie Dat­tas reven­dique la force créa­trice de la femme et dénonce tout ce qui la nie en l’enferme dans le sta­tut d’objet de séduc­tion et de plaisir.

Certes, le nom d’ “allu­meuse” ne convient pas à celle qui se consi­dère pour­tant comme telle. Sédui­sante sans le vou­loir, Lydie Dat­tas a très vite com­pris le dan­ger que l’homme en géné­ral engendre pour la femme. Il repré­sen­tait pour elle “une pou­drière que le déto­na­teur du regard pou­vait faire sau­ter” au nom de la force de son désir et sa volonté de puis­sance.
Cer­taines s’en délectent. Mais ce n’est pas le cas de la poé­tesse. Et c’est pour cela qu’elle entre­tint avec Genet un par­cours particulier.

L’Allu­meuse — contrai­re­ment aux lycéennes qui pour­tant appa­rem­ment sont ses sem­blables, ses sœurs — ne se laisse pas conter fleu­rette par les démons. Au milieu des roses char­nelles et ouvertes, elle est “la rose noire qui sau­tait du bou­quet”.
Elle sait que l’amour est men­teur parce que l’homme est un pré­da­teur qui feint de lais­ser la main à sa par­te­naire. Mais Lydie Dat­tas inverse la donne.

jean-paul gavard-perret

Lydie Dat­tas, Le livre des anges suivi de La Nuit spi­ri­tuelle & de Car­net d’une allu­meuse, pré­face de Chris­tian Bobin, Gal­li­mard, collec­tion Poésie/Gallimard, 2020.

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