À la loupe, tout est rituel termine une tétralogie commencée en 2005 et composée de Jardin du causse, Chroniques du hamac et Calepins paisibles d’une pâtresse de poules.
Dans cette suite de carnets poétiques, l’auteure trouve son souffle à travers son environnement immédiat et l’ordinaire des jours. l’effet-image et son excédent
Pour cette fouille archéologique du présent ‚l’objectif est toujours d’avancer : « Il nous faut changer de cap, lâcher du lest, faire face aux vraies peurs masquées par les fausses, les peurs conformes, les peurs induites, celles qu’il est bon d’avoir même si on ne les a pas. Il nous faut embarquer vers l’inconnu”.
La poésie n’a plus rien de passéiste : il s’agit de “s’ouvrir à l’espace infini de l’instant, desserrer les vis” puisque nous ne savons rien ou si peu au sujet de l’amour.
Le livre n’est donc en rien un reportage mais une suite magnétique dont la position logistique se déplace du rapt à sa restitution. Le sexuel prend part dans une telle « romantisation »( sans lyrisme superfétatoire ) mais il est loin de faire tout. Se crée une remise en question abyssale de la réalité dont le « champ » devient malléable et souple. Loin des mièvreries, l’auteure montre avec précision l’effet-image et son excédent.
L’impossible ne peut la saturer et la propre “fiction” de l’auteure devient la métaphore particulière des remises en question du quotidien et de ses zones de mystère où l’obscur renverse la lumière de l’ordre là où, par le “souffle paisible”, se libèrent “nos viscères”.
Cathy Garcia Canalès nous guérit-elle de l’extase du vide et de la maladie du temps ? Pas sûr. Mais elle nous tire par les pieds, agite nos bas fonds. La poésie est plus exaltée car elle possède le réel dans le sang et sa “viande” (Artaud).
Le réel en ses rites s’entrouvre et débarque jusque dans notre inconscient sans doute pour porter la lumière dans l’ombre de caves où veillent nos dragons dans la langue de feu d’une bien étrange « fée ».
jean-paul gavard-perret
Cathy Garcia Canalès, À la loupe, tout est rituel, Editions A tire d’ailes, 2020 — 12,00 €.