Au cœur de la mythologie nordique
Aucune mythologie ne prône la paix, la solidarité, l’amour de son prochain. Les récits issus des temps anciens relatifs aux peuples du Nord ne font pas exception. Et si l’un des dieux est quelque peu pacifiste, il est toujours confronté à son contraire qui passe son temps à contrecarrer le bien qu’il peut essayer de faire.
C’est le cas entre Odin et Loki. Et ce sont les humains, des jouets entre leurs mains, qui font les frais de leurs querelles.
Elrik, Tara de Sames et Sven le Rouge sont les trois Berserks, ou guerriers-fauves, d’Odin. Ils ne doivent jamais s’affronter car le Midgard, la Terre des humains, serait alors balayé. Mais Elrik a été banni par Hàkon, le roi de Norvège. Il s’est échoué en Islandia. Pour venger la mort de Nessa, dont il est amoureux, Elrik va rompre cet équilibre.
Sur Islandia, Grim le Loqueteux, un sorcier aux ordres de Loki le Serpent Dieu, réveille les morts pour saccager l’île et place Nessa à leur tête. La bataille fait rage entre les morts et l’armée d’Ulf Keludar, un seigneur local. Sous le nombre, celui-ci donne l’ordre de retraite mais il est tué en combat singulier par Nessa qui venge la mort de son père et de son frère.
Elrik, accompagné de Tara, revient alors que Hàkon, se prépare à débarquer sur Islandia pour la conquérir. Mais face à la menace que représente l’armée des morts, ces mânes de Loki, Elrik et Hàkon n’ont d’autre solution que d’unir leurs forces. La bataille commence…
Les Vikings ont toujours fasciné. Ce peuple de guerriers, fameux navigateurs, a semé la terreur loin de leurs terres. Didier le Gris installe une légende dans la légende et fonde sa trilogie sur Elrik l’Orcadien, un des guerriers-fauves, ces tueurs qui entrent en transes pour le combat, aidés sans doute par quelques drogues.
Il met en scène une lutte colossale entre humains et dieux, une guerre qui verra une fin désastreuse et la fin d’un cycle de fureur guerrière où la vengeance est omniprésente, le moteur des actions humaines.
Le dessin, assuré par Benoît Dellac, est d’une belle énergie. Les nombreuses scènes de bataille où le sang gicle sont rendues avec réalisme. La terre gelée, la neige, le froid sont parfaitement restitués donnant un cachet d’authenticité. Précis, détaillé, ce dessin laisse une grande place aux visages, aux expressions des protagonistes quand ceux-ci ne se battent pas. Et la fureur lors des combats est mise en avant avec une belle détermination.
La mise en page alterne entre classicisme et audace. Quant à la colorisation, œuvre commune entre Sébastien Bouet et Benoît Dellac, elle fait ressortir à merveille l’atmosphère du récit, l’ambiance générale.
Avec Les mânes de Loki, les auteurs ferment un premier cycle qui donne une furieuse envie de voir la suite.
découvrir un extrait
serge perraud
Jérôme Le Gris (scénario), Benoît Dellac (dessin et couleur), Sébastien Bouet (couleur), Serpent Dieu – t.03 : Les mânes de Loki, Glénat, coll. “24x32”, octobre 2019, 64 p. — 14,95 €.